Et si le fumier, plutôt qu'être un déchet industriel de l'élevage, devenait son produit le plus profitable? Le lait passerait ainsi du produit principal à un sous-produit du fumier. C'est précisément ce qui est en train de se passer en Californie dans la vallée de San Joaquin, relate le journal local The Fresno Bee.
Le fumier produit du méthane, un gaz qui peut être extrait grâce à des dispositifs appelés «digesteurs», puis vendu en tant que gaz vert. En plus du prix de la revente, explique le Fresno Bee, les fermes n'ont pas forcément à construire les digesteurs elles-même. De nombreuses grandes entreprises se sont mises à financer ces dispositifs afin d'obtenir des crédits carbones, puis se fournissent en fumier auprès des fermes locales.
Ces opérations peuvent rapporter 80 à 100 dollars (69 à 86 euros) par vache et par an, estime le Hoard's Dairyman, un journal spécialisé dans l'industrie laitière aux États-Unis. Pour une ferme de 3.500 têtes, une telle opération peut donc rapporter 350.000 dollars (301.000 euros): c'est loin d'être négligeable.
Méga-fermes favorisées
Si les fermes achètent leur propre digesteur, poursuit le journal, elles prennent plus de risques mais peuvent atteindre les 2 à 3 dollars de profit pour 100 livres (45 kilos) de fumier, soit un meilleur retour sur investissement que pour du lait.
Le problème de cette situation est qu'il est plus difficile pour les petites exploitations de financer leur propre digesteur ou de conclure un contrat avec un digesteur tiers. Cet étrange état du marché devrait donc favoriser les méga-fermes disposant de milliers de bêtes.
Or, constituer des troupeaux beaucoup plus grands et beaucoup plus concentrés est très mauvais pour les territoires où ils se trouvent. Contamination des sols, baisse de la qualité de l'air, augmentation du trafic routier... L'élevage intensif pourrait rendre la production de gaz «vert» tout sauf écolo.