Il va falloir commencer à se méfier d'Airbnb. Notamment à New York. Alors qu'un vaste réseau de fraude avait été démantelé en février 2019, voilà que la ville de New York vient de porter plainte contre Elvis Tominovic, un agent immobilier responsable d'une opération hôtelière illégale.
Selon le New York Department of Buildings (qui fait respecter les réglementations de la ville concernant le million de bâtiments), Tominovic et les huit personnes avec lesquelles il collaborait ont transformé illégalement des immeubles de trois à quatre appartements en hôtels clandestins en très mauvais état pouvant accueillir une vingtaine de personnes.
Un réseau tentaculaire qui, selon les autorités municipales, aurait converti illégalement trente-six unités résidentielles en locations de courte durée dans le Queens, à Brooklyn et à Manhattan. Une pratique interdite par la ville de New York et par Airbnb. Une nouvelle fois, la surveillance de la plateforme n'a pas réussi à détecter la tromperie qui se cachait derrière ces locations.
De 2015 à 2019, le système présumé a rapporté plus de 5 millions de dollars par l'intermédiaire d'Airbnb pour la réservation de 24.330 chambres. Elles ont accueilli 63.873 personnes dans des conditions jugées dangereuses et insalubres par la ville. Les hôtels ont été fermés en mai 2019.
Un système bien rodé
Comment ces malversations ont-elles réussi à passer sous les radars d'Airbnb et des autorités américaines pendant si longtemps?
En commençant par noyer la supercherie. Pour ce faire, le groupe a créé vingt-huit comptes soi-disant indépendants les uns des autres proposant tous des locations dans ces hôtels afin d'éviter que les autorités américaines et Airbnb ne se doutent qu'ils appartenaient à un seul et même groupe.
Pour lever le doute, l'argent récolté ne devait pas arriver sur le même compte bancaire. Des documents remis à la justice ont permis de prouver que Tominovic et ses collègues associaient des comptes bancaires différents à chaque compte utilisé –compte d'une société au nom des parents de Tominovic ou compte bancaire de sa sœur...
Selon l'enquête, le groupe à la manœuvre de l'arnaque indiquait souvent des adresses inexactes sur ses comptes Airbnb pour que ses membres soient impossibles à localiser. Une fois la réservation confirmée, les «propriétaires» n'avaient qu'à envoyer un message privé aux hôtes précisant l'emplacement exact, en s'excusant de l'erreur commise.
Tominovic et les individus avec lesquels il collaborait ont coaché leur clientèle en leur demandant de ne pas répondre aux questions posées par les autorités américaines voire de leur mentir. Des rouages bien huilés jusqu'à ce que, le 3 mai, un locataire désobéisse en faisant pénétrer des membre de l'inspection du Department of Buildings dans la chambre qu'il louait mettant ainsi fin à ce joli stratagème.