Profiterons-nous bientôt d'autant de vacances que nous aimerions? Né aux États-Unis dans les années 2000, sous l'impulsion des entreprises de la Silicon Valley, le concept de congés payés illimités est de plus en plus répandu outre-Atlantique.
Un rapport du site de recrutement Indeed publié le 18 juin révèle que la part des offres d'emploi proposant des vacances à volonté est en forte hausse aux États-Unis. Leur nombre est passé de 450 offres par million en mai 2015 à près de 1.300 offres par million en mai 2019, soit une hausse de 178 %.
Responsabilisation
La politique appliquée par certaines entreprises est basée sur la confiance: les employé·es sont libres de prendre autant de jours que souhaité, à partir du moment où le job est fait. L'enjeu est de responsabiliser l'individu pour qu'il puisse organiser son temps de travail, mais aussi son temps de repos.
«Nous devons nous concentrer ce qui doit être fait par l'employé, pas sur le nombre d'heures qu'il effectue», avançait déjà Netflix en 2009, dans son rapport «Freedom and Responsability Culture».
En France, une étude menée par le site de recherche d'emploi Jobfit a montré en mai 2018 que les offres proposant des vacances illimitées avaient augmenté de 60% en douze mois. Nous restons tout de même largement derrière les États-Unis, avec une offre concernée sur 100.000 contre 56 sur 100.000, selon ce décompte.
Cet écart s'explique notamment par les différences de système entre nos deux pays. Alors que l'on nous accorde au minimum cinq semaines de congés payés, les entreprises américaines n'ont pas pour obligation d'accorder des jours de congés. Aux États-Unis, les salarié·es se reposent en moyenne deux semaines par an.
Effet pervers
Alors oui, nous aimerions tous et toutes pouvoir gérer notre temps comme nous le souhaitons et prendre davantage de vacances. Mais le ferions-nous vraiment si nous en avions la possibilité?
En 2017, une étude réalisée par la société Namely a montré que les employé·es américain·es bénéficiant de congés illimités ne posaient en moyenne que 13 jours par an, contre 15 pour le personnel soumis au régime traditionnel.
Lætitia Vitaud, spécialiste des questions sur l'avenir du travail et du management, souligne auprès du Figaro que ce modèle n'est pas sans conséquences négatives: «Quand les congés sont à la libre initiative de l'employé, il n'en prend pas. Il a tendance à en faire trop quand il n'a pas de cadre légal de protection.»
La pression peut notamment l'amener à trop s'impliquer dans l'entreprise, parfois au détriment de sa santé.