Les vêtements d'occasion sont considérés en Chine comme non hygiéniques et perçus comme un signe de pauvreté, voire de malchance. | STR / AFP
Les vêtements d'occasion sont considérés en Chine comme non hygiéniques et perçus comme un signe de pauvreté, voire de malchance. | STR / AFP

Empire de la fast fashion, la Chine croule sous les déchets vestimentaires

Noyée dans les océans de déchets produits en continu.

Le constat est désormais connu: le prêt-à-porter moderne est une catastrophe environnementale. Selon certaines estimations, l'industrie de l'habillement représente au total 10% des émissions humaines de gaz à effet de serre et 20% de la production d'eaux usées. L'urgence est donc grande de trouver une parade.

Comme le relate Bloomberg, et si l'Occident n'a en la matière aucune leçon à donner, un pays semble encore bien loin de s'affranchir des effets délétères de cette fast fashion destructrice: la Chine. Grand centre mondial de production de vêtements à bas coût, le pays produirait ainsi chaque année 26 millions de tonnes de déchets vestimentaires, dont elle ne sait que faire.

Créer dans l'empire du Milieu une industrie circulaire capable d'absorber tout ou partie de ces rebuts se heurte à un mur culturel infranchissable. Dans une nation où il est possible de s'habiller pour quelques poignées de yuans, porter des vêtements de seconde main est ainsi considéré comme non hygiénique et perçu comme un signe extérieur de pauvreté, voire de malchance.

«C'est pour une grande cause, explique Chen Wen, 38 ans, interrogé par Bloomberg. Mais même ma famille et mes amis ne comprennent pas pourquoi j'achète de la seconde main quand je pourrais me permettre d'acheter des marques internationales. Quand les gens voient des vêtements d'occasion, ils ne pensent pas “écologie”, ils pensent “pauvreté”.»

Le Covid-19 n'a pas arrangé les choses. Pas plus que la loi, qui prohibe la revente de vêtements à des fins autre que charitables et interdit le profit aux entrepreneurs qui désireraient se lancer dans le recyclage.

Raz-de-marée

Le pays est donc submergé par des tsunamis de tissus, qui emplissent à trop grande vitesse les 654 décharges géantes créées pour absorber le surplus. Jiangcungou, la plus vaste de ces poubelles, fait la taille de 100 terrains de football mais a déjà atteint sa capacité maximale –vingt-cinq ans plus tôt que prévu par les autorités.

Que faire alors de ces déchets? Les exporter, du moins en partie. Souvent vers l'Afrique, parfois en transitant par l'Europe ou les États-Unis, pour faire artificiellement gonfler les prix: au Kenya, 30% des habits de seconde main proviennent désormais de Chine, le plus gros fournisseur du pays.

Certaines entreprises s'essaient à la transformation. 15% des déchets traités par le centre de Baijingyu, près de Hangzhou, sont réutilisés dans d'autres industries comme la construction, l'agriculture, le jardinage ou la production d'énergie. De plus petites structures tentent un recyclage davantage circulaire, en utilisant les matières premières des sapes usagées pour créer de nouvelles pièces artisanales, parfois très prisées.

Mais tout ceci n'est pas suffisant. Une partie de ces montagnes de déchets finissent dans les océans: selon le ministère de l'Environnement local et tout compris, la Chine a déversé 200 millions de tonnes de ses poubelles dans la mer en 2018.

L'autre partie est incinérée. De manière très surprenante et malgré les émissions qu'elle provoque, la Chine considère la valorisation électrique des déchets comme une forme d'énergie renouvelable, et a essayé d'en doubler la production ces cinq dernières années. Sans doute pas la solution idéale pour une nation qui espère atteindre la neutralité carbone dès 2060.

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