Connaissez-vous Asgardia? Nous ne parlons pas d'Ásgard, domaine des dieux de la mythologie nordique, ni de sa version Marvel, chère aux fans de Thor. L'Asgardia dont il est question ici est une nation virtuelle sans territoire ni reconnaissance internationale, mais qui a déjà sa constitution, ses institutions, son gouvernement et quelque 300.000 citoyen·nes.
Lancé par le milliardaire et scientifique russo-azerbaïdjanais Igor Ashurbeyli en 2016 et actuellement dirigé par l'ancien politicien britannique Lembit Öpik, le projet vise à mettre en place une énorme station spatiale hors de toute juridiction terrestre d'ici à 2050.
Étrange? Farfelu? Oui, sans aucun doute, mais aussi très sérieux. Depuis sa création en octobre 2016, Asgardia a connu un véritable engouement, qui s'est traduit en novembre 2017 par l'envoi de son premier satellite, Asgardia 1, contenant 512 gigas de données concernant la constitution et les lois de la nation spatiale.
Pas près de décoller
Les très riches dirigeants d'Asgardia se retrouvent régulièment pour des réunions ou des congrès. En 2018 à Vienne, environ 200 personnes se sont rassemblées dans l'ancien palais impérial de la Hofburg pour établir le gouvernement et le parlement de la nation.
Un nouveau rendez-vous a eu lieu les 23 et 24 novembre à Tallinn, en Estonie. L'ordre du jour détaillé par Lembit Öpik incluait la question des «frais de résidence» et celle, épineuse, de la construction de la station spatiale.
«Les candidats évidents sont SpaceX et Blue Origin», indique le président du Parlement d'Asgardia, citant les entreprises respectives d'Elon Musk et Jeff Bezos –à terme, ce dernier compte également envoyer l'humanité dans de gigantesques cités spatiales.
«Ils ont la meilleure proposition possible en matière de lancements spatiaux. Leurs fusées sont des taxis qui peuvent nous conduire où nous voulons aller», continue Lembit Öpik.
Malheureusement, le décollage n'est pas pour demain. Asgardia possèderait à l'heure actuelle un capital de 12 millions de dollars [11 millions d'euros], auxquels s'ajoutent 2 millions payés par les résident·es: un peu léger pour une telle entreprise.