La cabine de la capsule New Shepard dans laquelle va embarquer Jeff Bezos. | Blue Origin / AFP

La cabine de la capsule New Shepard dans laquelle va embarquer Jeff Bezos. | Blue Origin / AFP

Le voyage spatial de Jeff Bezos est-il risqué?

Malgré des tests rigoureux, le risque zéro n'existe pas.

La NASA, Arianne, Soyouz, SpaceX, Blue Origin, Virgin Galactic: tous ces programmes ont au moins deux points communs. Ils ont tous lancé des fusées dans l'espace et ont tous fait exploser certains de leurs engins.

L'exploration spatiale est une activité dangereuse et les accidents, parfois mortels, sont courants. Lorsque Jeff Bezos va participer en juillet au premier vol touristique de sa société Blue Origin, il s'expose donc à un risque non négligeable.

Le vol dans lequel il va embarquer, aux cotés de son frère Mark, de trois personnes employées par Blue Origin et du gagnant d'une place mise aux enchères est le premier voyage habité qu'entreprend la firme.

Il devrait durer dix à quinze minutes afin d'arriver à la lisière de l'espace, à 100 kilomètres de la Terre. Suffisamment pour pouvoir flotter en apesanteur trois petites minutes avant de redescendre vers le désert Texan.

Far West suborbital

Douglas Hurley est un vétéran de l'espace. Il était aux manettes des navettes de la NASA lors de deux sorties spatiales et travaille désormais pour SpaceX. Interrogé par Wired, il explique que les deux éléments-clés pour des vols spatiaux sûrs sont «les tests des équipements et l'entraînement des équipages».

Le problème des vols touristiques est que même si les équipements sont rigoureusement testés, l'équipage est constitué de civils. Leur niveau d'entraînement est très loin d'atteindre celui des astronautes professionnels.

Afin de contourner cet inconvénient et contrairement à la plupart des engins spatiaux, New Shepard, la fusée de Blue Origin, est entièrement automatisée. «Une fois que le moteur s'allume, il n'y a plus aucune intervention humaine. Elle est sur pilote automatique pendant tout le trajet. Il n'y a plus qu'à regarder. Les logiciels font tout le travail», explique Garrett Reisman, un ancien astronaute.

Théoriquement donc, cela laisse moins de place à l'erreur humaine que dans une navette classique, sachant de surcroît qu'un vol suborbital est bien moins complexe que son équivalent orbital.

Mais la routine peut aussi être une source d'erreur, explique Hurley. «Tout le monde fait attention pendant le premier vol. Mais il faut s'assurer que la vigilance soit au rendez-vous pendant toute la durée du programme, jusqu'au dixième et au vingtième vol. Chacun d'eux est primordial.»

D'autant que Blue Origin et Virgin Galactic –dont le patron Richard Branson tente semble-t-il de piquer la vedette touristique à Jeff Bezos– obéissent à leurs propres règles: le Congrès accepte pour l'instant de ne pas étendre la juridiction de l'administration à la sécurité de ces équipages spatiaux privés.

Alors que toutes deux ont l'ambition d'envoyer de nombreux touristes dans l'espace, leur activité n'est donc pas encore régulée, contrairement aux compagnies aériennes classiques qui doivent obéir à la lettre à des centaines de règles.

Les personnes qui voudraient tenter l'expérience devront d'ailleurs signer une décharge assurant qu'elles n'engageront pas de poursuites en cas d'accident. Mais si les vols touristiques se démocratisaient, il y a fort à parier que ce laissez-passer prendrait fin.

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