Vingt-et-un officiers de renseignement présumés, dont treize seraient toujours actifs, ont été identifiés par Maria Georgieva, Ali Fegan et Axel Gordh Humlesjö, journalistes de l'émission suédoise «Uppdrag Granskning» («Devoir d'examen»), diffusée sur la chaîne publique Sveriges Television (SVT). Le tout avec l'aide du Dossier Center, l'ONG fondée par Mikhaïl Khodorkovski, homme d'affaires et opposant du président russe Vladimir Poutine.
Quatorze de ces espions, qui travaillent tous à l'ambassade russe de Stockholm, appartiennent au Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie (SVR). Héritier de la première direction générale du KGB, alors chargée de l'espionnage politique hors des frontières de l'URSS, le SVR conduit les missions les plus «subtiles», comme le tamponnage de jeunes Français sur Leboncoin.
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Les officiers de renseignement du SVR identifiés par «Uppdrag Granskning» en Suède sont: Anton Konovalenko, Evgueni Oumerenko, Mikhaïl Kisselev, Lev Efimov, Sergueï Mikhalev, Tatiana Oumerenko –seule femme de la liste–, Kirill Ioskevitch, Dmitri Abdoulin, Evgueni Zenikov, Alexandre Khramov, Constantin Chentsov, Mikhaïl Doubrovski, Pavel Mavrin et Vladimir Komarov.
Gros bourrins
Cinq autres (Alexander Alekseenkov, Andreï Prokopiev, Nikolaï Banatov et Vitaly Stanevka) travaillent pour la direction générale des renseignements (GU ou GRU) de l'état-major des Forces armées de la fédération de Russie.
Ce service de renseignement militaire russe conduit les opérations les plus dangereuses et illégales à l'étranger pour le compte de Moscou, comme l'empoisonnement de Sergueï et Ioulia Skripal en 2018 ou la destruction de dépôts d'armes en République tchèque et en Bulgarie. Il est aussi soupçonné d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine de 2016.
Un seul officier, Andreï Gourov, travaille pour le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB). Principal service de renseignement intérieur, il peut toutefois conduire des opérations à l'extérieur du territoire russe –en particulier dans les anciennes républiques soviétiques.
Officiellement, pour lutter contre le terrorisme, le trafic de drogues et la criminalité organisée. Officieusement, pour cibler les opposants à Poutine et soutenir les forces prorusses à l'étranger, par exemple en Moldavie. Le FSB est aussi responsable de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny en 2020.
L'affiliation d'un dernier espion, Vladimir Lyapine, demeure inconnue. Pas moins d'un tiers des diplomates russes stationnés dans les pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège, Finlande) seraient en réalité des officiers de renseignement, selon les services de contre-espionnage de ces différents États. La Suède, comme d'autre pays européens, expulse régulièrement des «diplomates» un peu trop curieux.