Lee Wolosky en 2016, témoignant devant le Comité des affaires étrangères de la Chambre des États-Unis quant à la fermeture de Guantánamo. | Jim Watson / AFP
Lee Wolosky en 2016, témoignant devant le Comité des affaires étrangères de la Chambre des États-Unis quant à la fermeture de Guantánamo. | Jim Watson / AFP

La scandaleuse fortune d'un ex-conseiller de Joe Biden sur l'Afghanistan

La saisie américaine des fonds de la Banque centrale afghane pourrait rapporter très gros à Lee Wolosky.

Peut-être ne connaissez-vous pas Lee S. Wolosky, peut-être allez-vous souvent entendre son nom dans les prochaines semaines. Wolosky est un avocat, associé de la firme Jenner & Block LLP, doublé d'un diplomate à la longue carrière.

Sous les administrations Clinton et Bush, il fut «Director for Transnational Threats» du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, chargé à ce titre de coordonner une partie de la réponse du pays aux attaques terroristes du 11-Septembre.

Plus tard, il fut l'un des acteurs principaux de la chasse au vendeur d'armes et «marchand de mort» Viktor Bout, ce qui lui a valu d'inspirer le personnage de Jack Valentine dans le film Lord of War, ou chargé par Barack Obama de plancher sur la fermeture de Guantánamo.

Bref, Lee Wolosky est un vieux de la vieille des couloirs de la Maison-Blanche, et un fin connaisseur des arcanes politiques et diplomatiques de l'action des États-Unis à l'étranger.

À ce titre, il fut nommé conseiller spécial dédié à la question afghane par le président Biden alors que les États-Unis se retiraient du pays et laissaient la place aux talibans dans ce qui est largement considéré comme son premier grave échec.

Pour mener sa mission, Wolosky annonçait alors quitter temporairement ses fonctions au sein de Jenner & Block LLP. C'est précisément là que le bât blesse, et qu'il blesse assez profondément, comme l'a révélé une enquête de The Intercept sur ce qui ressemble fort à un scandaleux conflit d'intérêts.

Mieux servi par soi-même

Alors que le diplomate a quitté en janvier 2022 ses fonctions à la Maison-Blanche, celle-ci a récemment décidé de «siphonner les fonds afghans» pour reprendre l'expression employée par RFI, à savoir de saisir 7 milliards de dollars d'une Banque centrale afghane dont les États-Unis avaient dessiné les contours pendant leur occupation du pays.

L'administration Biden a annoncé souhaiter employer la moitié de ces fonds pour des projets futurs directement bénéfiques au peuple afghan, sans autre précision. On connaît en revanche la destination de l'autre moitié des 7 milliards saisis: ils iront alimenter un fonds d'indemnisation des victimes des attentats du 11-Septembre.

Or, au sein de Jenner & Block LLP, Lee Wolosky fut l'un des avocats des familles de victimes de ces attentats, au nom desquelles il a attaqué les talibans pour leur demander, de manière légitime, des comptes et réparations. La firme, comme son associé, pourrait, grâce à cette décision que Wolosky pouvait difficilement ignorer et qu'il a possiblement grandement influencé, toucher un conséquent jackpot.

«Ce procès au long-cours peut être un coup très lucratif pour les avocats de haut niveau ayant travaillé sur un cas qui autrefois semblait risqué, écrivent Lee Fang et Ryan Grim pour The Intercept. Les juristes prennent souvent un pourcentage sur les dommages et intérêts accordés aux victimes, ce qui dans ce cas pourrait représenter des centaines de millions de dollars.»

Interrogée sur cette intrication pour le moins problématique, du moins en apparence, la Maison-Blanche a nié que Wolosky ait joué un quelconque rôle dans sa décision de saisir des fonds afghans. L'administration assure au contraire que le juriste-diplomate, compte tenu de ses activités, a été «spécifiquement écarté et séparé» de toutes discussions relatives à l'indemnisation des victimes du 9/11, «notamment, mais pas uniquement, des fonds des réserves afghanes à la Federal Reserve Bank of New York.»

Difficile de croire pourtant qu'en vieux routier des circuits et cercles diplomatiques américains, qu'en habitué des discussions de couloirs de la Maison-Blanche, Wolosky n'ait pas eu vent de cette saisie, et de ce qu'elle signifiait pour ses propres finances.

Ni de ce qu'elle signifie pour le peuple afghan, pris dans une crise humanitaire terrible depuis le retrait américain et le retour au pouvoir des talibans –Wolosky était spécifiquement chargé, pour l'administration Biden, des questions humanitaires.

À l'instar du gel des aides internationales, la sanction est fortement critiquée dans la forme car risquant d'impacter directement des populations déjà affamées et engluées dans un effondrement économique total, plutôt que le régime que l'on cherche à punir.

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