Rassembler rapidement une somme d’argent importante n’a, techniquement du moins, jamais été aussi facile: entre Leetchi, Le Pot Commun ou Go Fund Me, n’importe qui peut mettre en place une cagnotte en quelques clics.
La plupart du temps, ces sites de financement participatif tendent à mettre en avant dans leurs publicités des événements plutôt positifs, comme des anniversaires, des voyages ou des projets personnels. En réalité, les choses sont parfois très différentes: ces appels aux dons sont régulièrement utilisés par des gens en détresse, nécessitant d'urgence une somme d’argent dont ils ne disposent pas.
Go Fund Me, le site de cagnotte en ligne le plus populaire du monde, assure que depuis son lancement il y a huit ans, plus de cinq milliards de dollars [soit un peu plus de quatre milliards d’euros] ont été dépensés à travers cinquante millions de donations. Et la santé a pris une place majeure sur la plateforme. «Les levées de fonds pour payer des frais médicaux constituent le tiers des cagnottes créées sur le site, révèle Rob Solomon, le PDG de Go Fund Me. La catégorie “santé” génère plus d’argent que n’importe quelle autre.» Et c’est –sans surprise– particulièrement vrai aux États-Unis.
Dépenses non couvertes
Sara Collins, économiste au Commonwealth Fund, un groupe d’influence pour le développement d’une meilleure couverture santé aux États-Unis, explique que ses compatriotes doutent de plus en plus d'être en mesure de financer leurs frais de santé.
Une étude du Commonwealth Fund affirme qu’en 2018, seulement 62,4% de la population américaine s’estimait confiante dans sa capacité à s’offrir une couverture médicale, contre 69% en 2015. Cette même étude indique par ailleurs que la moitié des personnes interrogées ont déclaré être dans l’incapacité de payer, sous trente jours, une facture médicale inattendue de 1.000 dollars.
D'où ces appels à la générosité publique sur des plateformes de financement participatif, forme de charité 2.0 et de redistribution horizontale privatisée.