Selon le Wall Street Journal, l'équipe de transition du président élu Joe Biden ne bénéficie d'aucune aide du gouvernement fédéral pour sécuriser ses communications.
Cela pourrait en faire une cible sinon facile, du moins évidente pour des puissances étrangères cherchant à connaître les plans du prochain gouvernement américain, avec les conséquences que l'on peut imaginer sur la sécurité du pays ou ses capacités de négociation.
«Savoir quelles personnes pourraient prendre tel ou tel poste avant que cela ne soit annoncé ou, plus important, quelle sont leurs positions sur des questions-clés, aurait une valeur immense pour Moscou, Pékin, Téhéran ou Pyongyang», explique ainsi Dmitri Alperovitch, expert en la matière.
Bien qu'une grande partie des dossiers brûlants doive être traitée par voie numérique, pandémie oblige, Joe Biden et ses proches ne bénéficient pas du soutien des instances fédérales chargées des questions de cybersécurité des équipes de transition.
Épaulée par la division spécialisée du département de la Sécurité intérieure et par les services de renseignement du pays, l'Administration des services généraux (GSA) met habituellement en place l'infrastucture (sites, e-mails, canaux de discussion, etc.) dédiée à l'administration en devenir, avec un nom de domaine en «ppt.com».
N'ayant pas encore reconnu la victoire de Joe Biden, elle n'a cette fois pas encore offert ses services à l'équipe du futur président.
Sécurité maison
Consciente de la nécessité vitale de protéger ses échanges des regards extérieurs, l'équipe de Biden a donc elle-même mis en place un réseau et des processus sécurisés, qu'elle promet être d'un niveau équivalent à ce que les administrations fédérales offriraient.
Toujours selon le Wall Street Journal, qui cite un insider, ce réseau reposerait sur un simple compte payant Google Workspace. Ce dernier serait bien sûr sécurisé au plus haut niveau, avec par exemple des Titan Security Key pour s'y connecter ou un accès restreint à certains dossiers.
L'ensemble des équipes concernées auraient, de surcroît, bénéficié d'un briefing détaillé sur la sécurité de leurs communications professionnelles, comme sur celle de leurs comptes personnels, souvent le point faible de ce genre de structures numériques.
La question de la cybersécurité est d'autant plus cruciale qu'aucune administration, élue ou cherchant à l'être, n'a été ces dernières années épargnée par les hackers d'État, souvent chinois (les campagnes Obama et McCain en 2008) ou russes (l'équipe démocrate d'Hillary Clinton en 2016). Emmanuel Macron avait également eu droit à sa fuite en 2017, connue sous le nom de MacronLeaks.