Il faut se l'avouer, les réseaux sociaux ont l'art de nous rendre rapidement accros. On a beau essayer de s'en détacher, rien n'y fait: on y perd un temps précieux à regarder des contenus que l'on nous propose sans que nous souhaitions forcément les voir, et sur lesquels on s'arrête sans bonne raison.
Cette dépendance est encouragée par un design de l'addiction pensé pour capter le maximum de temps et d'attention –mises à jour constantes des fils d'actualité, algorithmes qui suggèrent de nouvelles vidéos en permanence ou jeux invitant à revenir quotidiennement.
Aux États-Unis, le sénateur républicain Josh Hawley entend changer la donne. Dans un projet de loi intitulé «The Social Media Addiction Reduction Technology Act», présenté le mardi 30 juillet 2019, le politicien s'attaque aux «pratiques qui exploitent la psychologie humaine ou la physiologie du cerveau et qui entravent considérablement la liberté de choix».
Big Tech has embraced addiction as a business model. Their ‘innovation' isn't designed to create better products, but to capture attention by using psychological tricks that make it impossible to look away. Time to expect more & better from Silicon Valley https://t.co/AYFdntu595
— Josh Hawley (@HawleyMO) July 30, 2019
«Les géants du web ont adopté l'addiction comme business model. Leur “innovation” n'a pas pour but de créer de meilleurs produits, mais de capter l'attention en utilisant des ruses psychologiques empêchant de regarder ailleurs. Il est temps d'attendre plus et mieux de la part de la Silicon Valley.»
Plus d'autoplay, plus de Snapstreak
Le texte de Josh Hawley prévoit de bannir plusieurs pratiques, comme le scroll infini et l'actualisation automatique des timelines. L'autoplay, largement utilisé par YouTube ou Facebook, serait lui aussi proscrit: les sites ne pourraient plus lancer une musique ou une vidéo sans geste exprès de l'internaute. Curieusement, les publicités se déclenchant toutes seules ne sont pas visées par cette mesure, malgré leur impopularité.
Le sénateur américain compte également en finir avec les systèmes de récompenses liés à l'engagement sur les réseaux sociaux: exit les badges accordés en fonction du temps passé, comme le Snapstreak de Snapchat –cette petite flamme qui s'affiche à côté d'un contact avec lequel on discute quotidiennement.
Le projet de loi obligerait enfin les plateformes à mettre un terme à leur politique d'«élimination des points d'arrêt naturel». Actuellement, la plupart des sites proposent du contenu de façon illimitée, sans avoir à le demander. Si le texte est voté, les internautes devront cliquer sur un bouton pour voir s'afficher une nouvelle publication ou une nouvelle vidéo.