Sur le marché des transferts en football, on parle en général des stars comme Kylian Mbappé, Neymar ou Eden Hazard. D'autres champions sont pourtant également convoités: les experts en gazon, ou ground managers en anglais.
En 2016, l'Anglais Tony Stones a ainsi rejoint le staff du Stade de France pour bichonner la pelouse de l'Euro, avant d'être remplacé par son compatriote Andy Cole.
Du côté du PSG, l'homme s'appelle Jonathan Calderwood et officie comme jardinier. Ce n'est pas un hasard si les trois hommes sont britanniques: le ground management est là-bas devenu une véritable institution, capable de changer le cours d'une compétition.
«Les Britanniques ont dix ans d'avance sur tous les autres pays [en matière de gestion de pelouse]», assure au Guardian Richard Hayden, auteur de l'opus officiel de la FIFA sur cette question. «Si vous cherchez un petit génie en technologie, vous allez le chercher dans la Silicon Valley. Mais si vous cherchez un expert en gazon, c'est au Royaume-Uni que vous le trouvez!»
Plus de 27.000 spécialistes travailleraient dans cette activité outre-Manche, avec un marché estimé à 1,16 milliard d'euros. Cela va du pépiniériste, qui croise différentes variétés de gazon pour trouver la formule la plus optimale, au chimiste qui développe des engrais spéciaux, en passant par le biologiste qui étudie comment l'eau s'infiltre dans le sol.
19 millimètres
Cette discipline scientifique est en plein essor, les clubs prenant conscience de l'importance de l'enjeu. Lorsque Jonathan Calderwood débarque au PSG en 2013, le club est sacré champion de France avec 89 points au compteur, un record à l'époque. «Laurent Blanc avait dit que 16 de ces 89 points avaient été gagnés grâce à la pelouse du Parc», se félicite le Britannique dans Ouest-France.
«Il ne s'agit plus d'avoir juste une belle pelouse, mais il faut qu'elle soit aussi adaptée au style de jeu de l'équipe. Les rebonds, la vitesse du ballon, les mouvements des joueurs et de la balle... Des matchs se gagnent et se perdent aussi sur ces détails», affirme l'expert dans une interview au site du PSG.
Lorsque Pep Guardiola est arrivé à Manchester City en 2016, il a ainsi demandé à ce que l'herbe soit coupée à 19 millimètres de haut afin «d'accélérer le jeu», raconte le Guardian. La hauteur a finalement due être ramenée à 23 millimètres pour tenir compte du climat humide et froid de la région.
Ces experts en pelouse ont des rémunérations à la hauteur de leur talent. Jonathan Calderwood serait ainsi le jardinier le mieux payé de France, avec un salaire de 20.000 euros par mois, d'après France 3.
À l'Euro de football actuellement en cours, chaque stade dispose de son expert en terrain. À part un Irlandais, tous sont britanniques. Une domination qui s'explique notamment par l'absence de formation adéquate dans les autres pays.
«En France, il n'existe aucun diplôme équivalent à celui que j'ai passé (une filière Turf Science & Sports Management au Myerscough College)», regrette Jonathan Calderwood.
La finale de l'Euro se jouera le 11 juillet sur la pelouse du stade de Wembley, réputée comme l'une des meilleures au monde. Reste à savoir si l'équipe anglaise sera aussi sur le terrain.