D'où provient le SARS-CoV-2, qui à ce jour a tué selon l'OMS entre 6 et 8 millions de personnes dans le monde? D'un réservoir naturel, d'un pangolin, d'une chauve-souris, d'un marché alimentaire? Ou du laboratoire P4 de Wuhan, dont il se serait échappé?
Avant d'être finalement balayée par les spécialistes, puis de revenir en force ces dernières semaines à la lumière de nouvelles révélations, la théorie d'un accident de manipulation, d'origine humaine a longtemps alimenté les discussions. Les enjeux diplomatiques et géopolitiques étant immenses, peut-être ne connaîtrons-nous jamais le fin mot de l'histoire.
Cette idée d'un virus échappé d'un laboratoire de virologie ne doit pas pour autant être oubliée. Bien au contraire: légendaire ou ancrée dans la réalité, elle doit selon un expert en la matière, le colonel Hamish de Bretton-Gordon, servir de chiffon rouge pour pousser les gouvernements du monde entier à accroître drastiquement la sécurité et les protocoles entourant ces structures sensibles.
Car selon le Britannique, que l'on présente comme un expert en armes chimiques et en contre-terrorisme, il existe partout dans le monde des laboratoires dont la très haute sécurité peut flancher à tout moment, en faisant des cibles idéales pour des organisations terroristes ou des États-voyous.
Il existe dans le monde, explique-t-il, environ cinquante laboratoires de catégorie P4 comme celui de Wuhan, où les scientifiques travaillent sur les pathogènes classés comme les plus dangereux. Leur sécurité est généralement plutôt étroite –mais nulle protection ne saurait être invincible.
Alerte!
Mais le problème provient selon lui plus des 3.000 laboratoires classés P3, où les normes sont moins strictes mais où les chercheurs et chercheuses travaillent également sur des virus suffisamment dangereux pour causer quelques dégâts. Comme le SARS-CoV-2, par exemple.
Hamish de Bretton-Gordon explique en outre que si le contrôle international sur les armes chimiques, bien qu'imparfait comme a pu notamment le montrer l'exemple syrien, est plutôt efficace, il n'en va pas de même pour les armes biologiques –ou les structures et éléments qui pourraient servir à les créer, et ce de plus en plus simplement, du fait d'avancées technologiques à la portée d'un nombre grandissant d'acteurs.
Depuis 1975, elles sont supposément encadrées par la Convention sur les armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines, mais sa force internationale et les contrôles qu'elle prévoit sont largement insuffisants.
Hamish de Bretton-Gordon milite donc pour que le sujet soit abordé en urgence, dès cet été, par les leaders du G7: la situation actuelle pourrait faire en sorte qu'il soit écouté avec une plus grande attention.