En août 1944, le SS Richard Montgomery quitte Philadelphie pour se rendre dans l'estuaire de la Tamise, près de Londres. Il fait partie des Liberty Ships, ces vaisseaux américains construits en peu de temps au cours de la Seconde Guerre mondiale, conçus pour transporter le maximum d'équipements.
Le bâtiment militaire contient pas moins de 6.225 tonnes de bombes et de détonateurs. Mais en raison du mauvais temps et après une série d'erreurs, il s'échoue sur un banc de sable dans le nord du Kent.
Le 25 septembre 1944, une tentative de sauvetage est écourtée lorsque le bateau se brise en deux et coule. Depuis soixante-seize ans, le SS Richard Montgomery et sa dangereuse cargaison reposent par quinze mètres de fond, à 2,5 kilomètres de la ville de Sheerness.
Quelque 14.000 bombes se trouvent encore à son bord: au phosphore, à fragmentation, à usage général de 900 kilos. «Les habitants ont signalé avoir vu des flammes jaunes danser à la surface de l'eau près de l'épave, probablement du phosphore s'échappant et réagissant avec l'air», raconte Vice.
Bombe à retardement
En 1970, le Royal Military College of Science a réalisé une étude sur les conséquences d'une explosion simultanée de toute la cargaison. Si ce scénario est jugé peu probable, les conclusions des scientifiques n'en restent pas moins terrifiantes.
L'accident provoquerait une colonne d'eau et de débris haute de 3 kilomètres et un tsunami de 5 mètres, qui ravagerait la région et pourrait même atteindre Londres.
Pour ne rien arranger, l'épave du SS Richard Montgomery se situe à environ 5 kilomètres du plus grand centre de stockage de gaz naturel liquéfié d'Europe, le Grain LNG Terminal. Chacun de ses trois réservoirs est plus grand que la salle du Royal Albert Hall; une explosion risquerait donc d'engendrer une deuxième catastrophe.
Depuis l'essai de septembre 1944, plusieurs projets ont été envisagés pour neutraliser ce que les spécialistes considèrent comme une véritable menace, mais aucun n'a abouti. Les autorités se sont contentées d'interdire l'accès au bateau et de le surveiller en permanence. Pendant ce temps, l'état de l'épave continue de se détériorer.