George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, le Grand Prix de Monaco et un diamant disparu. Tout cela ne fait pas partie du scénario d'Ocean's Fourteen, mais d'un événement bien réel qui s'est déroulé sur le Rocher en 2004.
Depuis sa création quatre ans plus tôt, l'équipe Jaguar Racing ne parvenait pas à obtenir des résultats à la mesure des ambitions que Ford, propriétaire de la marque, avait placées en elle. Alors que les rumeurs de vente enflaient, Nav Sidhu, directeur de la communication de l'écurie, décida de tout faire pour justifier le budget faramineux de cette aventure automobile.
Comme il le détaille à The Drive, qui a enquêté sur cette affaire, Sidhu estimait à l'époque que la F1 n'exploitait pas assez les opportunités marketing du Grand Prix de Monaco, auquel assistent de nombreuses célébrités.
Cette année là, Warner Bros est justement en pleine promo pour Ocean's Twelve. Un film de casse glamour peuplé de superstars et un Grand Prix bling-bling bordé de yachts? L'opportunité semble parfaite.
Pour assurer la promo du film, Jaguar met les petits plats dans les grands: voitures livrées aux couleurs du film, logo sur les tenues des pilotes... Mais surtout, en partenariat avec le diamantaire Steinmetz, des pierres précieuses ont été fixées sur le nez des véhicules. Si la valeur exacte de ces joyaux est aujourd'hui débattue, The Drive estime que le prix de chacun d'entre eux se situe entre 180.000 et 300.000 euros.
George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon et les pilotes Jaguar posent avec le nez d'une voiture, dans lequel est incrusté un diamant. À Monaco le 22 mai 2004. | Gérard Julien / AFP
Une affaire en diamant
Le Grand Prix de la principauté se déroule sur une piste particulièrement étroite, sinueuse, bordée de barrières et où les heurts sont courants. Pour Sidhu, c'est d'ailleurs là que se trouve tout l'intérêt de son coup d'éclat; mais le communicant ne s'attendait pas à ce que les problèmes surgissent aussi vite.
Dès le départ, la Jaguar pilotée par le jeune Christian Klien (21 ans) percute une autre auto et brise son aileron, qui vient se coincer sous une roue avant. Incapable de tourner ni de freiner, la Jaguar en perdition vient se planter dans un mur de pneus. Seulement, une fois le pilote évacué et la voiture extraite par une grue, impossible de retrouver le diamant.
Longtemps, la légende a affirmé que l'un des commissaires de course avait eu le temps de glisser le joyau dans sa poche, mais des images analysées par The Drive montrent qu'avant le crash, le nez de la voiture était déjà endommagé –et le diamant manquant.
Il y a donc des chances pour que la pierre précieuse se soit détachée plus haut sur la piste. Que le diamant ait été ramassé par un passant chanceux, qu'il ait été emporté dans les égouts par la pluie ou qu'il ait fini à la poubelle mélangé avec le reste des débris, il n'a en tout cas jamais refait surface.
Pourtant, Sidhu ne regrette pas une seconde son coup marketing: «Les bénéfices de la promotion ont largement dépassé les coûts. […] Nous avons généré l'équivalent de millions de dollars en couverture médiatique, dans le monde entier.» Pari réussi pour Jaguar, Steinmetz et Warner Bros: dix-huit ans après, nous en parlons encore.