C'est l'un des arguments avancés avec fierté par Mark Zuckerberg et les executives de Facebook lorsqu'il est question de la propagation d'infox, ce nouveau mal du siècle.
La firme explique qu'elle a pris le problème à bras-le-corps en s'associant avec divers partenaires de l'industrie des médias, chargés de vérifer les contenus partagés sur la plateforme et de construire une digue contre les vagues infinies de désinformation.
«Nous sommes fiers d'avoir, ces trois dernières années, constitué un réseau de plus de cinquante partenaires dans quarante langages autour du monde –une chose que n'ont pas fait les autres réseaux sociaux– pour réduire la désinformation sur Facebook», a déclaré la société à Popular Information.
Car en essayant de lever le voile sur la volonté de faire preuve de vérité de Facebook et de ses partenaires, le site américain a découvert une réalité infiniment plus modeste que n'auraient pu le faire croire ces annonces bravaches.
Selon les calculs du site américain, les sept partenaires de la plateforme aux États-Unis (Science Feedback, AP, AFP U.S., Factcheck.org, Daily Caller, Politifact et Lead Stories, auxquels s'ajouteront bientôt Reuters) n'ont au total fact-checké que 302 contenus lors du mois de janvier 2020.
Une vérification de surface
«La réalité est que presque rien sur Facebook n'est fact-checké», en conclut froidement Popular Information, qui note que des millions d'articles sont partagés en flux continus par les 200 millions d'Américain·es présent·es sur la plateforme.
Popular Information a aussi tenté de déterminer la somme dépensée par Facebook pour son programme de «véracité-washing». Lead Stories a touché 102.000 dollars (93.000 euros) pour son travail, quand Factcheck.org a déclaré avoir été payée 229.600 par la firme de Mark Zuckerberg.
En estimant des sommes similaires pour les autres partenaires, qui n'ont pas rendu publics les montants engagés, le média américain calcule que Facebook a dépensé 1,2 million de dollars (1,1 million d'euros) en 2019 pour son programme de fact-checking, qui existe également en France et auquel Libération avait consacré un article.
La firme ayant annoncé un chiffre d'affaires mirobolant de 71 milliards de dollars pour 2019, ses investissements en faveur de la lutte contre la désinformation semblent minimaux, sinon purement symboliques.
En cette période électorale cruciale pour l'avenir des États-Unis, donc du monde, et alors que Facebook a joué un rôle important dans l'élection de Donald Trump, cette action de contrôle pourrait pourtant être considérée comme vitale pour nos démocraties. Mais la philosophie de Mark Zuckerberg, tout comme la récente absence de décisions de sa firme quant à la publicité politique, disent tout autre chose.