Une embarcation suédoise débarquant en Grèce après avoir sauvé des personnes migrantes et réfugiées en Méditerranée, en 2016. | AFP
Une embarcation suédoise débarquant en Grèce après avoir sauvé des personnes migrantes et réfugiées en Méditerranée, en 2016. | AFP

En Méditerranée, Frontex remplace les bateaux par des drones (et ça change tout)

Ces derniers ne sont pas soumis à l'obligation de sauvetage maritime, contrairement aux navires de patrouille.

Le 4 août dernier, l'équipe de The Observer, la publication sœur hebdomadaire du Guardian, révélait que Frontex, l'agence de garde-côtes et de garde-frontières de l'Union européenne (UE), s'apprêtait à investir près de 100 millions d'euros en drones de reconnaissance aérienne.

Du maritime à l'aérien

Les trois contrats auquel The Observer a eu accès –un pour Frontex, deux pour l'agence européenne pour la sécurité maritime (Aesme)– concernent le Hermès, développé par la firme israélienne Elbit, et le Heron, manufacturé par Israel Aerospace Industries.

Deux modèles développés pour des missions de combats dans la bande de Gaza, précise le Guardian. Outre les investissements révélés par The Observer, Frontex fait voler depuis le début de l'année des drones Falco EVO, fabriqués par la firme italienne Leonardo, dans le cadre de missions de surveillance des flux migratoires.

Pendant que les agences de surveillance maritime investissent dans l'aérien, l'UE s'apprête à retirer ses bateaux de la Méditerranée. Fin mars, l'exécutif européen a décidé de suspendre temporairement le déploiement des navires de sauvetage des populations migrantes, qui officiaient au large de la Libye dans le cadre de l'opération militaire «Sophia». Elle prendra fin en septembre prochain.

Les 28 États membres, confrontés au refus net de l'Italie, n'ont pas pu trouver d'accord sur la question du débarquement des individus secourus. Parallèlement, les autorités européennes poursuivent la répression contre les navires de secours des ONG, comme lors des feuilletons judiciaires de l'Aquarius ou plus récemment du Sea Watch.

Flou juridique

Outre les gains économiques, le remplacement des frégates par des drones présente un autre avantage pour Frontex: contrairement aux navires, les véhicules aériens sans pilote (UAV) ne sont pas soumis à la convention des Nations unies sur le droit de la mer (Unclos).

Soumis à ce texte, chaque bateau doit reconnaître un appel de détresse et offrir assistance à tout navire en difficulté. Selon The Observer, les drones se trouvent dans une zone grise, hors du périmètre légal d'Unclos. La situation pour les sous-traitants des agences européennes serait encore plus floue.

D'autre part, Frontex est soupçonnée par plusieurs organisations, comme Sea Watch, de transmettre la localisation des bateaux de personnes migrantes et réfugiées aux garde-côtes libyens, afin que ceux-ci les interceptent.

La loi internationale interdit aux bateaux de ramener des migrant·es en Libye, que l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ne reconnaît pas comme un port sûr.

Contactée par le magazine britannique, Frontex a assuré que ses drones et ses sous-traitants respectaient les lois européennes sur la protection de la vie humaine. L'agence a poliment refusé de divulguer les instructions données à ses opérateurs de drone.

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