Fausses monnaies, vols de cryptos, espionnage atomique, vente d'armes, de médicaments ou de drogues: comme le rappelle Business Insider, la Corée du Nord est devenue experte en contrefaçon et trafics divers, organisés par le régime pour alimenter une économie percluse de sanctions internationales, voire pour financer son programme nucléaire.
Voisin de la Chine, placé sous une cloche sévère qui, elle, ressemble à une véritable dictature sanitaire, le pays n'a pas été officiellement touché par le Covid-19. Ces prétentions d'invincibilité au virus n'empêchent pourtant pas les hackers de Kim Jong-un de s'intéresser de près à la recherche internationale sur les vaccins.
De premières alertes sur ces tentatives d'espionnage avaient été lancées par Microsoft en novembre 2020, mais ne concernaient pas que la Corée du Nord.
Début février 2020, la Corée du Sud indiquait plus précisément que son voisin septentrional avait tenté de s'introduire sur les serveurs informatiques de Pfizer pour en extorquer des secrets liés au vaccin mis au point avec la firme allemande BioNtech.
Le succès ou l'échec de ce cyber-fric-frac n'a pas été officiellement confirmé par Pfizer. Selon des sources au sein du renseignement européen citées par Business Insider, il ne s'agissait vraisemblablement pas d'une attaque à volonté destructrice ou de type rançongiciel, mais d'une tentative de vol de données industrielles et sanitaires.
Marché noir
L'objectif: trouver le sérum à la fois le plus efficace et le plus facile à copier, pour le vendre ensuite massivement sur un marché noir international. «La Corée du Nord n'aura accès au vaccin de Pfizer que longtemps après avoir mis la main sur ceux de Chine ou de Russie, explique l'un ou l'une de ces anonymes au site américain. Mais ils veulent pouvoir décider lequel sera le plus simple à contrefaire et à lancer sur le marché noir.»
La même source indique que le vaccin de Pfizer, conçu comme celui de Moderna autour d'une technologie récente, est probablement bien plus complexe à fabriquer, stocker et transporter que ceux conçus en Chine ou en Russie, deux pays qui ont chacun promis de fournir des millions de doses de leur propre sérum à un pays qui se dit pourtant exempt de malades.
S'il était si simple de produire le vaccin Pfizer, l'Europe ne souffrirait sans doute pas d'un tel retard dans sa campagne d'innoculation. Mais ces tentatives d'espionnage par la Corée du Nord, et le risque que se mette en place un marché noir vaccinal à la sécurité sanitaire incertaine et aux desseins financiers troubles, alimentent le débat sur la question du «patent waiver» (renoncement au brevet).
Permise par les textes internationaux, réclamée par des nations comme l'Inde ou l'Afrique du Sud, cette levée temporaire des brevets sur les vaccins permettrait d'en décupler la production et de fournir plus largement le monde entier, pays pauvres inclus.
Elle se heurte pourtant à une opposition ferme de nombreux pays occidentaux, y compris la France malgré les discours de son président sur l'impératif de solidarité mondiale face à la pandémie.