Quelque 1,3 milliard de personnes dépendent de l'Himalaya pour leur approvisionnement en eau. Or, la région est durement touchée par le dérèglement climatique: la couche de neige diminue, les glaciers fondent, la saison des moussons se décale et le permafrost est menacé.
De 2000 à 2016, les glaciers himalayens ont fondu deux fois plus vite qu'entre 1975 et 2000. L'Hindou Kouch se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde; d'ici à 2050, les températures devraient en moyenne augmenter de 1°C à 2°C dans cette chaîne montagneuse, mais jusqu'à 4°C ou 5°C à certains endroits. À l'horizon 2100, l'Himalaya pourrait perdre 64% de sa glace.
Ces phénomènes engendrent des inondations catastrophiques et des épisodes de sécheresse en aval, où l'accès à l'eau de la population dépend de la fonte des glaces. C'est notamment le cas dans le bassin du fleuve Indus, une zone grande comme deux fois la France, où est produite 90% de la nourriture du Pakistan.
La fonte accélérée y déclenche des crues et l'eau est alors perdue; les températures hivernales plus élevées limitent les chutes de neige, ce qui provoque des sécheresses en été. On attribue à ces catastrophes naturelles une hausse des suicides chez les fermiers de la région.
L'eau comme arme
L'Inde et le Pakistan ont signé en 1960 un traité qui établit la répartition des ressources et des cours d'eau du bassin du fleuve Indus entre les deux pays, sachant que le Cachemire indien est situé en amont du Pakistan.
Depuis l'arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi, celui-ci menace toutefois de couper l'eau à Islamabad pour la rendre à la population indienne. L'Inde accuse le Pakistan de soutenir des groupes armés séparatistes et islamistes au Cachemire.
Plus en amont, la Chine a prévu de construire neuf centrales hydroélectriques sur le fleuve Brahmapoutre, et quarante sur ses affluents. Malgré l'absence de traité, la coopération entre New Delhi et Pékin en matière de gestion de l'eau fonctionne plutôt bien, à l'exception d'un incident militaire en 2017.
Autre pays frontalier, le Bangladesh est particulièrement vulnérable aux inondations et le phénomène s'aggrave en raison de la fonte des glaciers, même si le pays investit dans les infrastructures pour pallier le problème.
Si le dérèglement climatique est un phénomène global, ces quatre pays –et en particulier la Chine– se tirent aussi une balle dans le pied en construisant des centrales à charbon, rappelle à juste titre Bloomberg.