À Hong Kong, grâce aux réseaux sociaux, aux applications et à Google Maps, on peut désormais éviter de dîner ou de faire son shopping à côté d'une personne ne partageant pas ses opinions politiques. Une nouvelle preuve des souffrances et de la division de la cité-État, après des mois de manifestations continues.
Les commerçant·es doivent désormais choisir un camp entre pro-manifestations et pro-gouvernement grâce à une couleur distinguant les deux camps en ligne. Jaune pour les pro-manifestations, bleu pour les pro-gouvernement et vert pour ceux qui cherchent, encore, à rester neutres. Au risque de n'avoir aucun·e client·e dans leur magasin.
Cette forme de ségrégation commerciale prend plusieurs supports. Sur Google Maps, un calque réalisé par des Hongkongais·es permet d'identifier la couleur politique d'un restaurant ou d'un magasin. Selon le Wall Street Journal, au moins sept applications et groupes sur les réseaux sociaux peuvent être utilisés en ce sens, notamment sur Facebook et Instagram.
Jaune, vert, bleu
Ainsi, un groupe Facebook nommé «Hongkongers Food and Shopping World» partage des images et des publications pour identifier quels endroits sont bleus ou jaunes. Sur Instagram, un compte nommé HKShoplist et comptabilisant près de 40.000 followers poste des listes de «businesses jaunes», en fonction des différentes aires géographiques de la ville.
Au départ créée pour répertorier les jeux d'arcade de la ville, l'application Whatsgap a été modifiée juste avant son lancement en août pour permettre d'identifier les opinions politiques de toutes les boutiques possibles. Son créateur, Ken Leung, 28 ans, affirme qu'elle a été téléchargée près de 200.000 fois en quelques mois –sur Android, le seul Play Store compte plus de 50.000 téléchargements.
Le choix des couleurs jaune et bleue ne s'est pas fait au hasard. Le jaune est associé aux anti-gouvernement depuis les manifestations de 2014, où les manifestant·es s'armaient de parapluies jaunes. Le bleu est quant à lui associé aux couleurs des forces de l'ordre.
Pour le commerce, la situation ne fait qu'empirer. Le tourisme a drastiquement chuté à Hong Kong et certaines échoppes, perçues comme pro-gouvernement ou associés au gouvernement, comme la Banque de Chine, sont régulièrement vandalisées.