Vous vous souvenez peut-être des avions faisant des ronds en l'air durant la pandémie pour remplir leurs carnets de vol. Ou des croisières pour nulle part destinées aux vacanciers en manque de bateau. Voici une nouvelle version de ces voyages sans destination qui n'ont d'autre but que de brûler du carburant: la sieste version bus tout confort.
L'agence AP relate ainsi une nouvelle initiative lancée par Ulu Travel, un opérateur de bus de Hong Kong, qui organise des excursions de 76 kilomètres revenant simplement à leur point de départ. Objectif: attirer les travailleurs insomniaques qui tombent de sommeil une fois bercés par le ronron du moteur.
«Lors d'une discussion sur les nouvelles excursions que nous pourrions proposer, l'un de mes amis m'a fait remarquer qu'il était stressé par son travail et que les trajets en transports en commun l'aidaient à se reposer», explique Kenneth Kong, le directeur marketing d'Ulu Travel. «Cela m'a donné l'idée de lancer des tours où les passagers pourraient juste profiter de ce temps pour faire une sieste.»
Transport endormi
«C'est une formidable opportunité pour dormir un peu», confirme l'un des participants au premier tour de ce genre, organisé le 16 octobre dernier à Hong Kong. Facturé 13 à 51 dollars (selon l'emplacement du siège), le ticket inclut des goodies comme un masque pour les yeux et des bouchons d'oreille (dans le cas où un voisin ronflerait un peu trop fort). Certains passagers ont même apporté des oreillers et des couvertures.
Il n'existe pas d'explication claire pour laquelle nous avons tendance à nous assoupir en voiture ou dans le train. Selon certaines études, les vibrations du véhicule se «synchroniseraient» avec les ondes cérébrales, ce qui induirait un état de somnolence.
Pour Shirley Li, chercheuse au laboratoire de recherche sur le sommeil de l'université de Hong Kong, il s'agit d'un simple conditionnement culturel. «Les gens n'ont pas assez de temps pour dormir chez eux. C'est pourquoi ils utilisent leur trajet quotidien pour se reposer, ce qui fait qu'ils ont tendance à associer les transports en commun au sommeil.»
À l'occasion de la journée du sommeil en 2014, Le Monde avait lancé un appel à témoins sur le sujet, qui avait remporté un franc succès. «Les sessions de deux à trois minutes pendant lesquelles s'assoupir légerèrement dans le métro m'apportent une véritable sensation d'apaisement et d'évasion», témoignait par exemple Cédric, un trentenaire parisien.
Voilà qui pourrait regonfler le moral des opérateurs de transport durement touchés par la pandémie. En 2020, la compagnie Flixbus n'avait proposé qu'une centaine de destinations durant l'été, contre plus de 200 en temps habituel, et son activité n'est toujours pas revenue à la normale. À la RATP, le trafic plafonne à 70% de son niveau d'avant-crise. Quand on pense que la SNCF a supprimé la quasi-totalité de ses trains de nuit…