C'est à la fois une aventure extrême et une mission scientifique à part entière. Une équipe d'une centaine de chercheurs et chercheuses, recruté·es dans vingt-cinq pays différents, a parcouru le monde pendant six ans, comme des Indiana Jones de la graine perdue, pour collecter un vaste panel de semences sauvages, récoltées dans des écosystèmes très variés en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique.
Dans le cadre d'un projet mis au point par le Crop Trust, l'organisation chargée de gérer la réserve mondiale de semences du Svalbard en Norvège, en partenariat avec les Royal Botanic Gardens de Londres et la Millennium Seed Bank, les scientifiques se sont aventuré·es dans les régions les plus reculées et les plus hostiles de la planète, ont arpenté la jungle tropicale, les vallées arides, les forêts denses et sombres, la savane, les montagnes enneigées, en recourant à des moyens de transport parfois rudimentaires.
Voyageant à dos d'éléphant, à pied, à cheval, en 4x4, naviguant en canot sur les rivières et les fleuves, les spécialistes ont réussi à réunir 4.644 échantillons de semences de 371 espèces sauvages apparentées, dont une grande partie en voie d'extinction, selon un rapport rendu public mardi 3 décembre.
9,8 milliards de bouches à nourrir
Selon Hannes Dempewolf, scientifique responsable des initiatives mondiales de Crop Trust, «ces expéditions n'ont pas été une promenade de santé. Elles étaient souvent périlleuses et toujours physiquement exigeantes, avec la chaleur, la poussière, la sueur et le danger que représentent les animaux sauvages. Finalement, les histoires rapportées par les collectionneurs de graines ressemblent sur bien des points aux scènes d'un film d'Indiana Jones.»
Le but de cette mission scientifique hors du commun? Anticiper les besoins alimentaires des générations futures et s'assurer qu'il sera possible de nourrir les 9,8 milliards d'êtres humains qui vivront sur Terre en 2050.
Partout dans le monde, les cultures sont fragilisées par la déforestation à grande échelle, la pollution systémique, le changement climatique et l'expansion des villes. Les rendements agricoles sont en recul, mettant en péril la sécurité alimentaire mondiale.
Selon un rapport des Nations unies, la production de denrées est également menacée par la disparition d'un nombre croissant d'espèces animales et végétales et l'appauvrissement des écosystèmes.