On le sait, la crise du Covid-19 a provoqué une récession mondiale d'ampleur monumentale. Mais elle a aussi plongé les économies souterraines dans une terrible crise: les industries de la cocaïne, de l'héroine ou des amphétamines sont en très mauvaise posture.
En Amérique du Sud, les producteurs et productrices de feuilles de coca –l'ingrédient principal servant à l'élaboration de la cocaïne– peinent à vendre. «L'économie de la feuille de coca s'est effondrée, déplore Rubén Leiva, producteur péruvien. Personne n'en achète.» Selon certaines estimations mentionnées par le Washington Post, le prix des feuilles a baissé de près de 73% dans certaines régions.
La fermeture des frontières a empêché bon nombre de producteurs et productrices de faire appel à leurs employé·es. Dans d'autres cas, c'est l'approvisionnement en produits spécialement utilisés dans la confection de drogues qui est rendu impossible. En Colombie, on peine par exemple à se fournir en essence peu chère, utilisée dans le raffinement de la cocaïne.
Pour ne rien arranger, une fois les drogues élaborées et prêtes à la vente, celles-ci trouvent rarement preneur. Les frontières sont réduites, plus difficiles à traverser, et les organismes de lutte contre le narcotrafic sont aux aguets.
«Les cartels prennent une raclée»
Pour contourner les contrôles, les narcotrafiquant·es utilisent des voies maritimes, en passant par les Caraïbes. Ces tentatives sont largement contrées par la Navy américaine, qui a mis en place une offensive massive pour bloquer toute circulation maritime. «En bref, les cartels prennent une raclée», confirme Michael Vigil, ancien agent de la Drug Enforcement Administration (DEA).
Aux États-Unis, la DEA remarque une très nette hausse du prix des substances illicites, coïncidant avec la baisse des stocks. À Miami, Atlanta, New York ou San Francisco, le prix de la cocaïne a explosé.
Les livraisons sont habituellement petites et très nombreuses. Depuis quelques mois, les autorités américaines remarquent qu'elles se font beaucoup moins nombreuses, mais plus volumineuses. Les saisies aux États-Unis sont par ailleurs en déclin, comparativement à la même période en 2019, indiquant une baisse dans le trafic.
Les spécialistes prédisent un rapide retour à la normale, mais envisagent un très fort bouleversement dans la structure des cartels. «Les seuls qui survivront seront les cartels géants», prévoit Michael Vigil.
«Ils vont complètement anéantir les plus petits qui n'ont pas les infrastructures ou les sources de revenus nécessaires pour survivre à la rupture de la chaîne d'approvisionnement observée.»