Avec force, Moscou nie depuis plusieurs semaines vouloir envahir son voisin ukrainien. Tout en continuant à masser des troupes aux frontières entre les deux pays, ainsi qu'en Biélorussie pour une parfaite tenaille stratégique, faisant dire au Pentagone que la Russie est prête à passer à l'action d'une minute à l'autre.
De l'autre côté, le Royaume-Uni propose de fournir à l'OTAN un important contingent militaire, tandis que la France comme les États-Unis, entre autres, comptent également renforcer leur présence militaire en Europe de l'Est. Les récentes discussions au Conseil de sécurité de l'ONU, elles, ont tourné au vinaigre, n'envoyant pas réellement un signe de paix prochaine.
Alors l'Occident prépare ses sanctions contre la Russie, voire contre Vladimir Poutine lui-même, et les agite tel un chiffon rouge. «S'il y a une attaque, il y aura une riposte et le coût en sera très élevé», a ainsi déclaré le président français le 25 janvier.
Comme le Royaume-Uni et l'Union européenne, les États-Unis préparent un arsenal de sanctions destiné à faire réfléchir Vladimir Poutine quant aux potentielles conséquences désastreuses d'une invasion de l'Ukraine.
Si le secteur énergétique russe serait épargné, notamment pour ne pas placer les alliés européens dans une situation plus que délicate, un sénateur américain parle quant à lui de la «mère de toutes les sanctions».
Il est question de mesures dures prises contre le système bancaire et financier russe. Elles pourraient intégralement gripper la machine économique du pays –au risque de provoquer d'importants dommages collatéraux dans le monde entier, et en particulier en Europe.
À tout prix
De quoi freiner les ardeurs de Moscou? Non, selon des analystes interrogés par CNBC. «On n'envoie pas 100.000 militaires et autant d'hommes en réserve juste pour marquer son opinion. La Russie a placé les enjeux à un tel niveau que selon moi, il est désormais improbable qu'elle se retire, sauf à recevoir quelque chose en retour», explique Mathieu Boulegue, analyste pour Chatham House.
Comme son confrère Samuel Cranny-Evans, du Royal United Services Institute, il note néanmoins qu'il manque encore quelques pièces au puzzle militaire pour que Moscou soit tout à fait prête à l'action. Mais comme lui également, il pense que la Russie est prête à payer le prix d'une invasion –les coûts militaires comme ceux induits par les sanctions occidentales.
«Il y a une vision pessimiste qui explique que quel que soit le coût d'une intervention et quels que soient les risques de souffrances économiques à court terme pour la Russie, l'invasion pourrait tout de même continuer à être considérée comme valable si, dans l'esprit des Russes, elle reste le seul moyen de préserver la situation politique dans le voisinage immédiat du pays», analyse Samuel Cranny-Evans.
«S'ils ont besoin d'aller jusqu'à la guerre –quelle qu'en soit l'ampleur– pour obtenir gain de cause politique, alors ils iront», abonde Mathieu Boulegue. Mais la déstabilisation économique de la Russie qui ne manquerait pas de suivre pourrait faire de Vladimir Poutine, que l'on dit inquiet de mouvements populaires comme le Kazakhstan ou la Biélorussie ont pu en connaître, la victime ultime de ses propres décisions, ajoute-t-il.