Une carte de la Chine sur OpenStreetMap. Mais la Chine selon qui? | OpenStreetMap
Une carte de la Chine sur OpenStreetMap. Mais la Chine selon qui? | OpenStreetMap

Un mystérieux internaute trafique une carte open source en faveur de la Chine

La cartographie numérique, un champ de bataille politique.

En novembre dernier, Nick Doiron a été interpellé par un article du New York Times détaillant, photos satellite à l'appui, comment la Chine avait construit un village le long de la frontière contestée avec le Bhoutan voisin.

Afin d'en savoir plus, Nick Doiron s'est rendu sur OpenStreetMap, une plateforme de cartographie open source reposant sur les contributions de bénévoles, à l'instar de Wikipédia.

Il a alors constaté que quelqu'un d'autre avait déjà documenté le village bien avant l'article du New York Times et que des détails vus nulle part ailleurs avaient été ajoutés.

«On pouvait même voir les contours des bâtiments, comme une école, un poste de police ou une station de radio, s'étonne Nick Doiron au site Rest of World. Même en achetant une image satellite d'une entreprise privée, je ne sais pas comment quelqu'un aurait pu avoir ce type d'information.»

En cherchant un peu plus loin, Nick Doiron a découvert que l'utilisateur, nommé NM$L (argot chinois lié à un label de musique de rap), avait déjà procédé à plusieurs modifications le long de la frontière chinoise dans des territoires contestés.

Ces petits maquillages avaient notamment eu lieu sur les îles Spratleys, situées en plein milieu de la mer de Chine et revendiquées par les Chinois: sans être un faux-nez du gouvernement, il apparaissait clairement que NM$L avait une vision pro-chinoise des choses.

Géo-caviardage

Voilà bien toute la limite des outils open source: n'importe qui peut caviarder les informations à sa guise. En 2018, un footballeur avait ainsi gonflé sa carrière sur sa fiche Wikipédia pour se faire embaucher dans un club lituanien. En 2015, la police de New York avait été prise la main dans le sac pour avoir enjolivé son action et supprimé d'encombrantes bavures judiciaires.

Dans la plupart des cas, l'immense communauté de contributeurs fait que ces modifications ne restent pas longtemps inaperçues. Mais pour les cartes, c'est autrement plus compliqué, surtout dans des zones peu documentées.

De plus, la question territoriale constitue un enjeu politique majeur pour de nombreuses nations. «Je sais qu'il y a des comptes pro-Inde qui ont ajouté des éléments sur les cartes, comme des points de contrôle militaires», rapporte Nick Doiron.

Du coup, lorsque des différends transfrontaliers surviennent, les éditeurs de cartographie se trouvent coincés, soucieux de ne fâcher personne. Certaines ont trouvé la parade, en affichant des cartes différentes selon l'endroit de consultation. Apple et Google Maps affichent par exemple la Crimée comme territoire russe aux utilisateurs basés en Russie.

Néanmoins, le plupart des falsifications ne relèvent pas de politique, mais de petits plaisantins, confirme un contributeur indien d'OpenStreetMap dans Rest of World. «La forme la plus courante de vandalisme, ce sont des gens qui dessinent un pénis. Cela se produit environ une fois par semaine.»

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