Internet pullule de sites dont la seule fonction est de salir des réputations. Accusations d'infidélité, d'arnaques ou de pédophilie, un site est même spécialement dédié à la «dénonciation» de personnes qui seraient atteintes d'infections sexuellement transmissibles (IST), le tout accompagné d'une photo de leur visage.
À première vue, ces milliers de posts ressemblent à du journalisme de caniveau low cost. À une différence près: les personnes accusées de tout et de n'importe quoi, à grand renfort d'insultes et sans aucune preuve, sont de parfaits anonymes. Elles sont diffamées par un amant éconduit, une voisine mécontente, une ex-employée furieuse –ou n'importe quel quidam.
De sucrcoît, chacun de ces sites pioche chez les autres afin de republier les accusations, permettant ainsi une propagation plus rapide de la calomnie. Leur seul objectif est de se retrouver en haut des résultats Google lors d'une recherche du nom de la personne diffamée.
Quel intérêt ces sites ont-ils à publier ces accusations? Une enquête du New York Times affirme que ce sont en réalité des entreprises spécialisées dans la e-réputation qui hébergent elles-mêmes ces articles, afin de se faire payer pour les supprimer.
Pompiers pyromanes
Beaucoup de ces plateformes de la honte affichent bien en évidence des publicités pour des agences de e-réputation. Pensant initialement que ces agences collaboraient avec les sites de diffamation, le quotidien new-yorkais a enquêté et s'est vite rendu compte que les mêmes personnes tirent souvent les ficelles de l'infamie et de sa réparation.
Cyrus Sullivan, qui gère entre autres le site de «dénonciation» de porteurs d'IST, assume devant le New York Times diriger une société qui propose de supprimer les «informations indésirables» pour 699,99 dollars (575 euros).
Heidi Glosser, de l'agence 247Removal, est la collaboratrice de Scott Breitenstein, qui gérait des sites de revenge porn et tient désormais des sites de calomnie. Ancienne cambrioleuse, elle facture quant à elle 750 dollars (615 euros) chaque page supprimée.
D'autres couvrent mieux leurs traces, comme l'agence de e-réputation RepZe, qui utilise un acteur pour ses publicités. Le NYT affirme qu'elle est dirigée par Vikram Parmar, un programmeur indien lié à plusieurs sites de diffamation. Toutes ces personnes, qui se connaissent, forment un vaste réseau d'extorsion et de chantage à la diffamation.
Heureusement, il est possible de s'adresser directement à Google afin que le moteur de recherche arrête de référencer ce type d'articles. C'est une méthode gratuite et bien plus efficace que les arnaques de e-réputation.
Peu de victimes sont pourtant au courant de cette possibilité. Logique: chercher sur Google une manière de se débarrasser des publications diffamatoires fait apparaître en premier les sites de ces agences pompiers et pyromanes à la fois.