L'Iran, Israël et la Turquie ont mis au point une intéressante variété de drones, capables d'être lancés depuis des navires. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les trois principales puissances du Moyen-Orient en la matière ne lésinent pas sur les moyens. C'est pour nous l'occasion de revenir sur les aptitudes de ces engins.
En février 2021, Israel Aerospace Industries (IAI) dévoilait un secret bien gardé: la version navale de son drone Harop a été fournie à une marine asiatique –dont le nom, lui, est resté confidentiel. Comme l'original, ce bijou technologique dévoilé en 2017 est capable de rechercher de façon autonome les émissions de radars ennemis, puis d'attaquer, ce qui atteste de son ingéniosité. Plus besoin de localiser une cible et de lancer un missile, Harop s'occupe de tout.
En revanche, l'engin peut tout à faire être commandé manuellement sur un champ de bataille si une mission s'y prête, notamment pour l'assaut de systèmes antinavires et de défense aérienne basés à terre. Que demander de plus?
Un peu plus d'un an plus tard, en juillet 2022, la télévision d'État iranienne se vantait: «La première division navale de porte-drones, composée de navires et d'unités sous-marines, transportant tout type de drones a été dévoilée.» À cette occasion, les dispositifs iraniens Ababil-2 et Arash ont été lancés depuis des rails montés sur des navires.
Ces deux modèles, tout comme l'engin israélien, détruisent leur cible en faisant exploser leur ogive, ce qui leur vaut le nom de «drones kamikazes». En outre, en utilisant des bateaux reconvertis, y compris des porte-conteneurs d'apparence inoffensive, l'Iran pourrait menacer les pétroliers appartenant à des États adverses, plus vulnérables en mer.
Après les prouesses réalisées par le Bayraktar TB2 au cours de plusieurs conflits ces dernières années, la Turquie était quant à elle attendue au tournant par ses concurrents pour imaginer son successeur. C'est chose faite: Baykar Defense développe actuellement le TB3. Quasiment identique à son prédécesseur, à l'exception flagrante de ses ailes repliables, ce dernier peut transporter et tirer les diverses munitions dont dispose le TB2. Le TCG Anadolu (L400), prochain navire amiral de la Turquie, devrait être l'heureux porteur de ces engins, pouvant être au nombre de cinquante par bateau.
Une concurrence rude
Face à la concurrence, l'IAI défend son bijou tant bien que mal: «Il possède une large gamme d'utilisations et un rapport coût-efficacité optimal. De plus, il fait preuve d'une précision maximale, et ce quel que soit la nature des cibles, statiques ou mobiles, sur terre ou en mer.» Disposer d'une telle puissance pourrait s'avérer inestimable contre les petits bateaux chargés d'explosifs, comme ceux utilisés par les groupes comme le corps des Gardiens de la révolution islamique et les houthistes au Yémen.
Mais contrairement à ses deux homologues, le potentiel d'exportation du TB3 pourrait être significatif, puisqu'il s'agit du premier drone naval de cette envergure, conçu pour un usage répété plutôt que pour des attaques uniques dites «suicides».
La Turquie se dénote également par l'aptitude de son engin à réaliser des manœuvres sur une piste courte, le rendant davantage réutilisable que ceux mentionnés ci-dessus. Et il va indéniablement de soi qu'il est plus facile de faire atterrir un drone sur le pont d'un navire que de le repêcher en mer.
En raison de ses capacités uniques, le TB3 pourrait donc devenir populaire auprès de pays souhaitant agrandir leur marine. En tout cas, quel que soit le drone, un essaim de ces munitions causera potentiellement d'importants dégâts aux ennemis.