Castle Wolfenstein (1981) est l'un des premiers jeux à avoir utilisé la parole numérisée et incorporé l'infiltration dans son gameplay. Le titre a aussi posé les bases des jeux de tir ayant pour cadre la Seconde Guerre mondiale, Call of Duty et Battlefield en tête. Derrière Castle Wolfenstein et ses innovations majeures, il y a un homme injustement tombé dans l'oubli: Silas Warner.
Né en 1949 à Chicago, Warner grandit auprès d'un père violent puis de sa mère. Scolarisé dans une école à pédagogie alternative, ses capacités intellectuelles sont déjà remarquées.
En raison de son poids et de ses faibles aptitudes sociales, il est parfois harcelé mais sait se défendre. Il intègre l'université de l'Indiana, où il étudie tout en programmant et obtient un diplôme de physique. Les cursus d'informatique n'existent pas encore, mais il sait qu'il veut travailler avec des ordinateurs.
Un programmeur très discret
Silas Warner devient alors informaticien pour l'université, notamment sur la plateforme PLATO, et développe ses premiers jeux. Mais c'est au sein de la compagnie d'assurances Commercial Credit qu'il rencontre Ed Zaron et Jim Black, avec qui il commence à programmer sur Apple II et à vendre des jeux sur cassette. En 1978, les trois hommes lancent Muse Software et leurs premiers gros jeux, Escape et Tank Wars. La société est alors florissante.
Inspiré par le jeu d'arcade Robotron: 2084 et le film Les Canons de Navarone, Warner développe Castle Wolfenstein en 1981, puis sa suite Return to Castle Wolfenstein en 1984.
Malgré de bonnes ventes, Muse Software dépose le bilan en 1987. En 1992, id Software rachète les droits des jeux Wolfenstein: le studio connaîtra un succès considérable avec Wolfenstein 3D et surtout avec Doom, qui doit tout ou presque aux idées de Warner.
Après la faillite de Muse Software, Silas Warner travaille pour MicroProse et Virgin Interactive, mais essentiellement en tant que programmeur. Toujours mal à l'aise en société, il est intimidé quand on le complimente sur Castle Wolfenstein.
En mai 1995, il déménage à San Francisco et rencontre Kari Ann Owen, sa future femme. Il est très grand, elle est très petite, et tous deux sont obèses. Les moqueries sont fréquentes, mais Silas n'hésite pas à se défendre à nouveau.
Souffrant de plusieurs problèmes de santé (diabète, hypertension), il exerce comme programmeur jusqu'en 2002 et décède en 2004, à l'âge de 54 ans. Son épouse, qui se souvient d'un homme «brillant et courageux», souhaiterait «qu'il reçoive la reconnaissance qu'il mérite».