IT TAKES TWO (tous supports)
C'est une merveille. Il n'y a pas d'autre mot: une merveille. Un jeu qui ne se joue et ne se réussit qu'en tandem, l'aventure secouée et douce-amère d'un père et d'une mère qui se déchirent, mais qu'un peu de magie (et quelques féroces méchants) force à collaborer pour retrouver leur fille.
C'est d'une grande beauté plastique, c'est incroyablement malin, c'est très drôle, ça casse parfois gentiment les têtes, mais elles restent toujours hilares, même face à un boss récalcitrant. Il est possible de jouer dans une même pièce ou à distance grâce à un «pass ami», et l'articulation des deux personnages, des mécanismes qu'ils doivent déclencher, des outils et bidules qu'ils doivent complémenter est purement géniale.
Ça se joue entre grands, mais essayez avec votre jeune enfant (6 ans et demi, en l'occurrence): vous gagnerez immédiatement 1.000 points bonus en relation parent-progéniture, vous vous engueulerez un peu, mais vous rigolerez beaucoup.
SUPER MARIO 3D WORLD + BOWSER'S FURY (Nintendo Switch)
Que dire sur Mario qui n'ait été dit ailleurs? Pas grand chose, sans doute: c'est dans le jeu et son inventivité folle que tout réside, ce plaisir inaltérable qui fait la patte de Nintendo, cette huile essentielle de gameplay, la quintessence de la plateforme.
Le plombier a 35 ans, toutes ses dents et ses tubes continuent de briller de mille feux, un peu plus chaque année: cette reprise du classique de la Wii U, complété par une vaste nouvelle aventure loin de ne constituer qu'un bonus au rabais, se vit de bout en bout le sourire au lèvres.
RETURNAL (PlayStation 5 exclusivement)
S'il fallait un jeu pour faire véritablement entrer la next gen dans le futur, c'est celui-ci. Artistiquement comme techniquement, Returnal est une grande œuvre, de celles qui marqueront leur époque.
Avec une mention spéciale pour la bande-son tordue de Bobby Krlic (Midsommar) et des effets sonores dont le traitement 3D, à avaler de préférence au casque, plongent dans un formidable effroi, le jeu de Housemarque ébahit les sens et happe instantanément l'esprit par son atmosphère de terreur solitaire.
Surtout, il tord les tripes tant il est difficile. Préparez-vous à échouer, beaucoup, à mourir, énormément, et à recommencer, plus encore: third person shooter à l'action frénétique, Returnal fait de la mort son vrai personnage central, à apprivoiser essai après essai, feu d'artifice après feu d'artifice, jusqu'à la perfection de l'action.
MUNDAUN (tous supports)
La version originelle de The Wicker Man, le plus récent Midsommar, cité ici pour la seconde fois, ou la formidable série The Third Day en sont quelques preuves. Fouiller dans les tréfonds noirs des folklores locaux est l'un des moyens les plus efficaces de plonger dans ces peurs primales qui pré-existent à nos existences, flottant dans nos pays, nos bois, nos montagnes, nos océans, nos vieux, dans tout ce qui n'est pas dit.
Mundaun est de cette trempe. Œuvre du Suisse Michel Ziegler, visuellement impressionnant, entre crayonné possédé et vieilles photos hantées, le titre pose son atmosphère dans une vallée des Alpes, dans un hameau désolé, des mythes et un mal très locaux –et incroyablement prenants.
Sur un plan strictement vidéolique, Mundaun est certes loin d'être parfait. Mais c'est dans ces imperfections, dans ces coutures approximatives que cette enquête sombre et surnaturelle trouve son jus: cette terreur sourde et artisanale en font une expérience rare et véritablement unique.
NEW POKÉMON SNAP (Switch)
A-t-on toujours besoin de mondes ouverts si vastes que trois vies semblent nécessaires pour en explorer chaque recoin? D'aventures de 1.000 heures dont on perd de toute façon le fil au bout de la seconde? De prouesses graphiques à trouer les rétines, d'ultra-giga super-haute-définition, de frames per second à gogo, de gameplay tarabiscoté pour surdoués du stick?
Absolument pas. Un petit safari paisible au pays des Pokémon, que l'on ait largement dépassé l'âge limite supposé ou que l'on ait (c'est le même) six ans et demi (et des poussières), peuvent suffire à notre âme trop sollicitée par ailleurs.
Voici donc New Pokémon Snap: un bonheur simple et tranquille, un plaisir sur rails, pépère et sans cahot. Un appareil photo à la main, on guette les bestioles et on soigne son cadrage, on s'émerveille d'une découverte inattendue derrière un bosquet fluo, on s'enorgueillit du cliché parfait d'un spécimen rare, comme un petit Robert Capa des Pikachus.
Et comme il est question de photo, le jeu et ses bébêtes virtuelles trouvent, dans le monde cette fois réel, un compagnon parfait dans l'Instax Mini Link de Fujifilm: logique, elle a été pensée pour.
Via une application dédiée, la petite imprimante initialement conçue pour les smartphones se lie très simplement à la Switch de Nintendo. Deux clics et zou!, des petits polas de Mastouffe ou Concombaffe remplaceront avantageusement ces Vmax et reverse holos derrière lesquelles vous courez depuis des mois au prix d'un troisième crédit à la consommation.
Bonus appréciable, outre la belle impression des centaines de photos de famille tristement enfermées dans votre smartphones: vous pourrez aussi enfin faire un album de tous ces panoramas à couper le souffle, saisis autrefois dans Zelda. Celui des plus belles vacances de votre vie.
DESTRUCTION ALLSTARS (PlayStation 5 exclusivement)
Si vous avez la chance de posséder une PS5, peut-être avez-vous déjà profité de Destruction Allstars, offert il y a quelques mois aux abonnés d'un PS Plus de plus en plus valable.
Si vous ne l'avez pas encore fait, faites chauffer moteurs, pneumatiques et articulations digitales: certes plutôt bourrin mais surprenamment plaisant, le jeu de caisses à démolir en multijoueur devient très rapidement un indispensable de ces moments où défouler ses instincts de destruction les plus primaires est un besoin vital.
C'est plus malin qu'il n'y paraît, le froissage de tôle nécessite une maîtrise technique plutôt marrante, et ses multiples modes de jeu permettent de ne pas trop tourner en rond dans ces arènes de l'enfer: gratuit, Destruction Allstars était parfait mais peu cher, il mérite le détour.
SUBNAUTICA (Tous supports)
Pourquoi diable, dans une sélection de jeux qui cherche à ne pas être trop dépassée, parler de Subnautica alors que le jeu est déjà ancien, et que sa suite Below Zero vient de paraître? D'abord parce que le jeu de survie et d'exploration marine est, comme l'ensemble des joueurs, joueuses et reviewers le clament à raison depuis des lustres, l'une des œuvres les plus importantes de l'époque.
Mais aussi parce qu'il est désormais présent dans le Game Pass de Microsoft, et que nous ne saurions nous lasser de porter aux nues le système de jeu par abonnement de la firme américaine.
Grâce à lui, nous avons ces derniers mois rattrapé un peu de notre retard sur Subnautica. Mais nous avons également goûté à la double-terreur mentale du génial The Medium. Ou nous avons vécu, impressionnés voire tout à fait déstabilisés, l'expérience de la folie dans l'extraordinaire Hellblade: Senua's Sacrifice, dont la suite se précise. Ou nous avons préparé l'Euro avec FIFA 21 et accompagné les victoires des Canadiens de Montréal avec NHL 21.
Et ainsi de suite: de The Wild at Hearts à SnowRunner, de Just Cause 4 à Sea of Thieves, de Carrion à A Plague Tale, de Genesis Noir à Battlefield V, des méga-productions aux petits indés, il y a ici de quoi goûter à mille vies.