Capture écran du repaire de l'Aile noire, dans World of Warcraft Classic. | Via Blizzard Entertainment

Capture écran du repaire de l'Aile noire, dans World of Warcraft Classic. | Via Blizzard Entertainment

Une armée de bots perturbe l'économie de «World of Warcraft»

Des hackers ont créé un marché parallèle où ils revendent les ressources amassées dans le jeu en trichant.

Cela fait des mois qu'Azeroth, le fameux monde du jeu massivement multijoueur World of Warcraft Classic, est parcouru par des joueurs zombies, traversant les zones destinées aux gamers de haut niveau et attaquant les monstres avec une efficacité prodigieuse.

Si ces personnages sont si forts, c'est parce qu'ils sont joués par des scripts programmés pour récupérer automatiquement les objets les plus précieux du jeu. Dernièrement, leur attention était focalisée sur le lotus noir, une fleur rare qui apparaît aléatoirement aux quatre coins de la carte.

Le processus pour se la procurer est habituellement long et laborieux. Mais ces derniers temps, les bots ont rendu la tâche plus difficile encore, en se jetant dessus si rapidement que les gamers de chair et d'os n'avaient aucune chance de s'en emparer.

La mafia d'Azeroth

Fin mai, une cinquantaine de joueurs et de joueuses ont organisé une manifestation virtuelle à Orgrimmar, l'une des capitales du monde de World of Warcraft, pour attirer l'attention de son éditeur Blizzard sur le problème.

Car ces bots sont contrôlés par de vraies personnes, qui ont mis en place un genre de mafia qui n'hésite pas à intimider les contestataires (ses membres ont par exemple signalé en masse les participant·es au rassemblement pour «chat injurieux», ce qui a conduit Blizzard à mettre en sourdine certains comptes pendant vingt-quatre heures) et à truquer, via des ententes anticoncurrentielles, les cours de certains objets et matières premières vendues aux enchères dans les hôtels de vente du jeu.

Le but est de s'assurer un monopole sur les biens les plus demandés et d'alimenter un marché parallèle dans la vraie vie. Dans World of Warcraft, tout se paie en pièces d'or gagnées à la sueur du clavier: impossible d'en acheter avec de l'argent réel, comme cela peut-être le cas dans d'autres jeux de Blizzard –en tout cas légalement.

Divers sites, indépendants de l'éditeur, permettent de payer sans son autorisation des pièces d'or d'Azeroth contre quelques euros -5.000 unités coûtent environ 200 euros. Ainsi, l'argent du jeu et les objets les plus précieux gagnés par les bots sont revendus contre de l'argent réel, au bénéfice de leurs propriétaires. Les internautes peuvent également payer pour un script permettant à leur personnage de jouer seul, et donc de monter en niveau sans effort.

Avec ces manipulations, les bots ont bouleversé l'économie de World of Warcraft Classic. Le prix de certains produits in-game a chuté parce qu'ils les rendent largement disponibles, tandis que celui d'autres ressources a explosé car elles sont accaparées par les hackers, provoquant la colère des gamers.

Le 18 juin, Blizzard a suspendu ou fermé plus de 74.000 comptes, mais l'entreprise a précisé qu'elle ne pouvait le faire qu'en étant certaine de la tricherie, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Les gamers s'inquiètent en outre du fait que rien n'empêche les hackers de revenir dans le jeu, en changeant simplement de comptes et de serveurs.

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