Il est où, hein, le Youki? | RIA Novosti / AFP
Il est où, hein, le Youki? | RIA Novosti / AFP

Mais qui donc sont les super-fans de Poutine sur Facebook?

Une curieuse «vladmania» sévit sur la plateforme.

Si Facebook est banni depuis plusieurs semaines déjà en Russie, des groupes pro-russes comprenant des dizaines de milliers de membres fleurissent un peu partout sur la plateforme. Dans quel intérêt, et pour viser quel public? La BBC a enquêté, avec l'aide d'experts de l'Institute for Strategic Dialogue (ISD) à Londres, pour tenter de découvrir qui se cache derrière ces publications et communautés.

Au total, ils ont identifié une dizaine de groupes publics pro-Poutine, cumulant plus de 650.000 membres. Qu'y voit-on? Tout d'abord des images de propagande et de la désinformation sur la guerre en Ukraine. Si le groupe Meta assure faire la chasse aux fake news sur son réseau social, les photos trafiquées et les informations tronquées plaçant la Russie dans une situation angélique sont légion.

Au-delà du storytelling autour du conflit ukrainien, ces groupes sont un espace d'expression d'une fascination et d'un fanatisme pour le président russe, Vladimir Poutine. Le dirigeant est montré jouant avec des chiots, souriant à la caméra, ou encore chevauchant divers types d'animaux sauvages, comme des ours ou des lions.

La plupart de ces groupes portent d'ailleurs le nom du président, comme «Vladimir Poutine, Leader du monde libre». En commentaires et réactions, on retrouve des émojis cœur, des compliments à profusion et de la haine envers le monde occidental.

3,6 millions d'interactions en un mois

Les pages sont disponibles en plusieurs langues: en anglais et en russe, mais aussi en persan, en arabe ou encore en khmer. Ces groupes comptent beaucoup de membres et sont extrêmement actifs.

Les chercheurs de l'ISD et les journalistes de la BBC ont comptabilisé rien qu'au cours du mois dernier 16.500 publications, recevant au total plus de 3,6 millions d'interactions. Soit 532 publications pro-Poutine par jour –un nombre affolant quand on sait que Vladimir Poutine lui-même n'est pas sur les réseaux sociaux et n'a pas d'existence en ligne.

Mais alors quel est leur objectif, si l'on considère que les citoyens russes n'ont a priori plus accès à cette plateforme? Promouvoir Poutine à travers le monde comme un héros qui tient tête à l'Occident, avec un soutien international écrasant.

Pour ce faire, les administrateurs de ces groupes ont généralement une multitude de comptes différents. Selon le chercheur Moustafa Ayad de l'ISD, cet astroturfing, une pratique consistant à se servir de faux comptes pour créer de toutes pièces une opération en ligne de grande ampleur, «crée l'apparence d'un large soutien à Poutine et au Kremlin et met dans l'ombre l'invasion de l'Ukraine, en s'appuyant sur de fausses identités».

Il reste tout de même compliqué de s'assurer des motivations réelles des personnes se cachant derrière ces comptes pro-russes. Contrairement à d'autres campagnes de désinformation russes, notamment du fait des nationalités variées des administrateurs de ces groupes, le lien direct avec le gouvernement russe, plus subtil, est aussi plus difficile à démontrer.

De son côté, Facebook, qui a une politique contre les faux comptes, assure continuer «à prendre des mesures pour empêcher la diffusion de fausses informations relatives à la crise en Ukraine». Plusieurs groupes ont d'ailleurs été suspendus. Problème: quand un groupe est supprimé, d'autres sont instantanément créés.

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