L'Attaque des Titans, manga le plus fructueux de sa génération, touche à sa fin. Hajime Isayama, le mangaka derrière cette œuvre lancée en 2009 et adaptée sur nos écrans depuis 2013, a annoncé que 95% de son histoire était déjà réalisée –le manga devrait donc arriver à sa fin début 2021.
Récit de combat entre l'humanité et des créatures gigantesques, l'œuvre connaît un véritable succès dans le monde et son éditeur, Kōdansha, a publié environ 100 millions d'exemplaires de ses trente et un volumes.
Mais alors que les fans déplorent la fin des aventures d'Eren Jäger, le protagoniste de L'Attaque des Titans, Kōdansha espère trouver rapidement son digne successeur, au risque de se mettre dans une situation financière difficile.
La fin d'un manga à succès –The Promised Neverland a également tiré sa révérence– est un moment délicat pour toute maison d'édition. Connu pour ses magazines tels que Bessatsu Shōnen Magazine et Weekly Shōnen Magazine, Kōdansha a déjà connu des périodes de vaches plus maigres, notamment lorsqu'il cherchait le hit pouvant succéder à Ghost in the Shell.
Mais grâce à la réussite de L'Attaque des Titans, l'entreprise nipponne est sortie de plusieurs années de sécheresse financière, et compte désormais dénicher le prochain mangaka capable de maintenir cette situation. La période est d'autant plus cruciale que Netlix, en compétition avec d'autres acteurs du streaming, a annoncé il y a quelques mois souhaiter investir lourdement dans les animes, souvent adaptés de succès d'édition.
Les clés du succès
Shintaro Kawakubo, un éditeur chez Kōdansha qui a, en quelque sorte, déniché Isayama, est notamment chargé de ne pas laisser filer la personne qui devra assurer le succès qui succèdera à L'Attaque des Titans.
Kawakubo s'arme de trois techniques: il épluche toutes les nouvelles publications à l'affût d'un talent émergent, observe les mangakas les plus doué·es des écoles de manga japonais et scrute les concours organisés par la société qui l'emploie.
Dans une interview accordée à Bloomberg, Kawakubo explique les ingrédients du succès d'un manga, en prenant comme exemple Isayama et L'Attaque des Titans. «Il a profondément réfléchi à ce que les lecteurs attendaient de lui […], il est devenu un auteur capable de penser comme un éditeur de mangas ou un producteur d'animes.» Il arrive à voir à la fois ses personnages d'un point de vue marketing et artistique, ajoute le média américain.
Serait-ce la clé pour le futur manga à succès? Rien n'est moins sûr ajoute Kawakubo, qui explique qu'un manga programmé pour fonctionner n'existe pas: «La magie est là ou non.»
Si L'Attaque des Titans touche à sa fin, son auteur pourrait continuer à faire des merveilles et, pourquoi pas, être son propre successeur. «J'aimerais essayer de faire un manga plus réaliste, mais je n'ai pas encore été en mesure de produire un manuscrit conforme à mes propres normes», précise-t-il à Bloomberg.
Et si le prochain opus du genre à succès était français? Bien qu'il soit sans doute trop tôt pour espérer voir un «manfra» conquérir le monde, des ouvrages venant de l'Hexagone font tout de même leur bout de chemin, tels City Hall, Imperium Circus ou Radiant. La France figurant sur le podium mondial des pays consommateurs de mangas, on peut espérer qu'un jour un ouvrage français aura sa place dans le panthéon japonais des mangas.