La prochaine fois que vous vous rendrez aux toilettes, n'oubliez pas de prendre une photo de vos excréments avant de tirer la chasse. Rien à voir avec un douteux jeu de coprophilie (n'allez pas chercher la définition sur internet, et surtout pas sur Google Images), c'est tout simplement le souhait de deux sociétés, Auggi, une start-up qui conçoit une application permettant de suivre les problèmes gastro-intestinaux, et Seed Health, qui vend des probiotiques.
Ces deux entreprises attendent vos photos pour créer une application destinée à la recherche sur les maladies intestinales, qui permettrait à la fois de classer automatiquement les différents types de selles et faciliterait l'accompagnement des personnes souffrant de problèmes chroniques.
Tout cela est donc très sérieux, et cette IA pourrait bénéficier aux 25 à 45 millions de personnes qui, rien qu'aux États-Unis, souffriraient du syndrome du côlon irritable, selon les données de la Fondation internationale pour les troubles gastro-intestinaux. À l'échelle mondiale, les maladies liées à l'intestin toucheraient 10 à 15% de la population.
Auggi et Seed Health ont commencé à collecter ces photos depuis le 29 octobre, via une campagne publicitaire ingénieusement appelée #Giveashit. Elles espèrent collecter jusqu'à 100.000 photos pour créer, selon leurs dires, la première base de données d'images d'excréments humains au monde.
«Nous aimons dire entre nous qu'il y a chaque jour des tas de données exploitables qui tombent dans les toilettes, alors qu'elles pourraient éclairer la science», a déclaré Ara Katz, la cofondatrice et co-PDG de Seed Health, au micro de CNN Business.
Journal de bord
Pour les malades, cette application est synonyme de révolution et permettrait d'informatiser une tâche fastidieuse qui leur incombe quotidiennement. Beaucoup d'entre elles ou eux doivent en effet tenir un journal manuscrit de l'évolution de leurs selles au fil du temps, en respectant rigoureusement l'échelle de Bristol, un outil utilisé par les médecins et les patient·es pour diviser les étrons en sept catégories, en fonction de leur consistance.
Pour fonctionner, Auggi veut automatiser ce processus. Dans un premier temps, une équipe de gastro-entérologues examinera les images collectées avant de classer les selles en fonction de cette échelle. Puis un ordinateur s'entraînera à identifier les différences existant entre par exemple, un excrément de type 1, ce qui peut signifier que vous êtes constipé·e, et de type 3 ou 4, signe de bonne santé.
En attendant vos précieuses photos, l'application, qui devrait voir le jour en 2020, s'entraîne sur 36.000 images de fausses matières fécales faites en pâte à modeler bleu.
Pour les artistes, les photographes ou encore les perfectionnistes, le cofondateur et PDG d'Auggi, David Hachuel, rappelle que les photos n'ont pas besoin d'être très sophistiquées: «Nous cherchons simplement une image banale de votre merde», indique-t-il. Et si vous n'avez actuellement pas envie de vous rendre aux toilettes, vous pouvez toujours entrer votre adresse e-mail sur le site pour recevoir un rappel dans les prochains jours.