Dans la tête d'un coupeur de têtes. | Pierre Acobas via Unsplash
Dans la tête d'un coupeur de têtes. | Pierre Acobas via Unsplash

Robert White, le chirurgien qui transplantait des têtes (et voulait sauver des âmes)

Une histoire digne de Mary Shelley –mais qui n'a rien d'une fiction.

C'est une histoire étrange et quelque peu malaisante que Brandy Schillace raconte dans son livre Mr. Humble and Dr. Butcher, auquel Wired consacre un article et une interview.

Elle rappellera aux amateurs de frissons le Frankenstein de Mary Shelley ou Herbert West, Réanimateur de Lovecraft. Elle n'a pourtant rien de fictionnelle: il s'agit de celle de Robert J. White, un neurochirurgien américain resté célèbre pour avoir, au mitan du XXe siècle, cherché à transplanter des têtes –et peut-être les âmes qu'elles contiennent.

Provoquant l'effroi et l'ire des militants de la cause animale, White a réalisé ses recherches sur des centaines de singes –de singes, bien sûr, vivants.

Ce faisant, il a mis au point des procédures encore en cours dans la médecine humaine moderne et fut, pour ses découvertes, nommé pour le prix Nobel. Plus étonnant encore, l'Américain devint proche de Jean-Paul II, qu'il a conseillé sur les questions d'éthique médicale.

«Le plus étrange dans cette histoire est qu'il est possible de transplanter une tête», explique Brandy Schillace dans son interview au média américain. «Ce n'est pas en doute. Nous savons le faire. Le problème est que le taux de succès n'est pas génial. Ça n'a pas marché pour beaucoup de singes –des centaines.»

Grâce aux procédures qu'il a mises en place, White a donc réussi à ôter la tête du corps d'un singe pour la placer sur celui d'un autre primate, et à conserver au passage les fonctions cérébrales de cette caboche voyageuse.

Mais s'il s'exerçait sur des singes, l'idée finale était de pouvoir réaliser ces transplantations de tête avec des humains. En pleine guerre froide, engagé dans une compétition bizarre avec son homologue soviétique Vladimir Demikhov, qui lui a réussi à «créer» un chien à deux têtes, Robert White n'a eu aucun mal à trouver des fonds pour ses expériences.

Sauver l'âme

Outre la barbarie des opérations, il y avait cependant un hic médical de taille: en coupant une tête, on coupe également une moelle épinière. Et si le corps, comme le cerveau des créatures hybrides auxquelles il donnait naissance, pouvaient survivre à la transplantation, ces chimères étaient irrémédiablement paralysées.

Réaliser cette opération hors-norme sur des humains se heurtait donc à des barrières éthiques plus hautes encore, que White n'a jamais réussi à franchir. Schillace raconte néanmoins qu'un homme de 45 ans, Craig Vetovitz, est venu trouver White.

Quadriplégique, voyant la défaillance de ses organes irrémédiablement s'approcher, il était «le patient parfait» selon le médecin qui, s'entraînant dans des morgues dans les années 90, espérait pouvoir un jour pratiquer son art avec les cerveaux de l'acteur Christopher Reeves ou du scientifique Stephen Hawking.

Ni Vetovitz, ni Reeves, ni Hawking n'ont au final été les objets des expérimentations folles de Robert White. Qui, explique Schillace à Wired, n'a donc jamais pu réaliser l'œuvre de sa vie, marquée par un catholicisme fervent: transplanter une âme, prouver au passage qu'elle existe, et qu'il était possible de la sauver.

Fascinant et malaisant, son travail n'a pourtant pas été oublié. Il bénéficie d'un regain d'intérêt grâce aux progrès fulgurants de la science et de la technologie dans les domaines liés à la paralysie des membres –prothèses intelligentes, interfaces cerveau-corps ou réparation de la moelle épinière. D'autres savants (peut-être) fous ont également pris sa relève, tel l'Italien Sergio Canavero.

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