Depuis le début de la crise du Covid-19, les attaques contre les camions de transport se multiplient au Mexique, visant parfois des cargaisons de bouteilles d'oxygène, devenues un produit prisé sur le marché noir des profiteurs de pandémie.
C'est peut-être l'un de ces stocks de bonbonnes qu'espéraient subtiliser les membres du gang qui, le 10 avril, se sont attaqués à un petit fourgon dans la petite ville de Teoloyucan, en grande banlieue nord de Mexico. Mais c'est sur une toute autre cargaison qu'ils ont mis la main.
Comme le rapporte The Independent, les criminels ont ainsi pu s'emparer de machines et appareils spécialisés servant à l'inspection d'installations industrielles. Rien de très affriolant a priori, sauf que parmi ces bidules se trouvait une SENTINEL 880 Series Delta, un projecteur de rayons X utilisé dans la radiographie industrielle.
Son allure et les sigles qu'il arbore ne trompent pas: l'appareil est bourré d'iridium 192, de selenium 75 et d'ytterbium 169, des isotopes hautement radioactifs. Suffisamment pour mettre en alerte les autorités du pays, sur les dents depuis le détournement.
«Si le matériel radioactif est retiré de ses conteneurs, est déplacé ou entre en contact direct avec les personnes qui le manipulent, des blessures permanentes peuvent survenir en quelques minutes», a ainsi écrit l'autorité de sûreté nucléaire mexicaine, qui ajoute que s'approcher à moins de 30 mètres d'une machine corrompue peut suffire à provoquer des dommages permanents sur les corps.
Bombe sale
Nul ne sait où l'équipement volé se trouve désormais. Le gouvernement mexicain, qui a alerté les populations locales sur la présence autour de Mexico de cette très indésirable cargaison, n'exclut pas qu'elle se trouve désormais dans la mégalopole.
La crainte principale des autorités du pays est que les isotopes aient été subtilisés par un cartel, et non par une simple équipe de pieds nickelés ne sachant que faire de leur butin.
Un gang un tant soit peu organisé pourrait aisément disposer des compétences pour créer une bombe sale: idéal pour exiger une très grosse rançon, ou mener à une catastrophe de grande ampleur. La chasse à l'homme –et peut-être la course contre la montre– est donc lancée.
Comme le note Futurism, ce n'est pas la première fois qu'un tel vol de matériel radioactif se produit. L'affaire rappelle également quelques-uns des plus fameux accidents radioactifs civils de l'histoire. Une affaire similaire, bien que non criminelle, avait eu lieu à Mexico City, déjà, en 1957, lorsqu'un jeune garçon avait ramené chez lui une capsule non protégée de cobalt 60, qu'il ignorait être dangereuse: le bilan avait été de quatre morts.
Mais le plus connu reste celui qui s'est déroulé à Goiânia, au Brésil, en 1987. Des ferrailleurs avaient récupéré une vieille machine de radiothérapie dans un hôpital désaffecté de la ville. L'appareil est ensuite passé de main ignorante en main ignorante, faisant au total 4 morts et contaminant au total 245 personnes, selon l'AIEA.