Le géant du streaming Netflix n'en finit pas de tourmenter les producteurs. Malgré son apparente volonté de transparence quant aux audiences, l'entreprise conserve encore de nombreux secrets, et sa discrétion sur ses chiffres semble porter préjudice aux maisons de production.
Toutes ne sont pas du même avis sur la politique de communication de la plateforme. Moyen de s'affranchir de la pression des résultats pour certaines, le silence est pour d'autres une source de stress permanent.
Lauren Iungerich, réalisatrice de On My Block, reconnaît souffrir de la situation. Sa série faisait partie des plus recherchés sur Google en 2018, mais elle n'a aucun moyen de prendre un quelconque recul sur l'impact réel de son œuvre. «Je ne sais pas quelle est l'audience de la série, mais j'ai l'impression qu'elle est importante», confie-t-elle à Bloomberg.
Netflix n'agit pourtant pas au hasard: sa stratégie lui permet de garder le contrôle sur ses programmes. Sans retour chiffré, les productions sont aveugles et perdent tout pouvoir ou moyen de pression. Impossible donc pour les créateurs de mesurer à quel point la crise sanitaire actuelle profite à la plateforme, qui a effectivement enregistré près de 16 millions de nouveaux abonnements entre janvier et mars.
Chasse aux infos
Certaines boîtes de production ont décidé de trouver les informations par leurs propres moyens. David Steinberg, cocréateur du Secret de Nick, s'est mis à traquer les commentaires Twitter mentionnant sa série. Ce qui avait commencé par de la curiosité s'est vite transformé en obsession.
«Je lisais des tweets et je me disais: “Oh, cette personne en Corée regarde ma série, ça doit être bon signe”», raconte-t-il. Mais quand son show a été arrêté après seulement une saison sans aucune explication, la pilule a été dure à avaler.
Netflix n'est pas seule à jouer la carte du mystère. Hulu opte pour la même stratégie et refuse de communiquer des informations sur l'audience de ses programmes ou le profil de son public.
Kathleen Bedoya, cocréatrice d'East Los High, s'en plaint. Habituée à une totale transparence de la part des chaînes avec lesquelles elle travaille habituellement, elle a été surprise de constater l'opacité de la plateforme. Elle a donc fait preuve de créativité: sondant tour à tour des jeunes dans des lycées et les internautes évoquant sa série sur les réseaux sociaux, elle a pu se faire une idée de ce que pensait son public.
À Hollywood comme partout, l'information, c'est le pouvoir.