«Aujourd'hui, dans le plan de relance en France, il y a seulement 0,1% qui est consacré à la biodiversité. Je pense que les choses vont être revues à la hausse, il faut le faire dans l'urgence», tempête sur France Info l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, un brin rabat-joie. Car on ne peut pas dire que la France soit restée inactive en la matière.
Entre 2000 et 2018, les engagements financiers cumulés de l'État, des collectivités locales et des entreprises en faveur de la protection de la biodiversité ont doublé pour s'établir à 2,4 milliards d'euros. Soit une hausse annuelle moyenne de 4%, «un rythme nettement supérieur à celui de l'inflation (+1,6%)», souligne une étude du ministère de la Transition écologique publiée à l'occasion du Congrès mondial de la nature, qui s'est tenu à Marseille du 4 au 11 septembre.
Cette hausse a été portée par une succession de lois, depuis celle des parcs naturels en 2006 jusqu'au plan biodiversité de 2018 en passant par les lois Grenelle 1 et 2 en 2009 et 2010. Et l'État semble bien déterminé à continuer ses efforts.
En 2020 a été créé l'Office français de la biodiversité (OFB), chargé de contrôler la légalité des activités humaines sur l'environnement et de prodiguer des conseils d'aménagement du territoire. Pour 2022, la France s'est fixé l'objectif de porter la part des surfaces protégées à 30% du territoire, contre 23,5% aujourd'hui.
Réparation, réhabilitation, réintroduction
La protection de la biodiversité ne représente cependant que 5% des dépenses de protection de l'environnement en 2018 (51 milliards d'euros), largement dominées par... la gestion des déchets (38%) et des eaux usées (26%). Et encore, une large partie des sommes allouées à la biodiversité consistent à réparer les dégâts que nous avons causés, par exemple avec la réhabilitation de mines ou de carrières, la restauration ou réintroduction d'espèces menacées, ou encore le rétablissement des cours d'eau et milieux humides.
Le secteur public n'est toutefois pas le seul à agir en la matière. En 2018, les entreprises ont ainsi mobilisé 682 millions d'euros pour la protection de la biodiversité (même si cette somme est financée à 31% par des fonds européens et les agences de l'eau). Il faut dire que le secteur privé est directement concerné.
Selon une étude conjointe de la Banque de France, de l'Agence française de développement (AFD) et de l'OFB, 42% des actifs (actions ou obligations) que détiennent les institutions financières françaises dans des entreprises portent sur des activités directement affectées par l'érosion de la biodiversité, du fait de leur dépendance à au moins un service écosystémique.
Les ménages, eux, sont nettement moins généreux. Leur contribution, de 80 millions d'euros (essentiellement des dons aux associations), représente à peine 3% des dépenses en 2018. L'habitude bien française de se reposer sur les pouvoirs publics pour résoudre tous les problèmes.