Trevor Paglen, se tenant près d'une structure réfléchissante gonflable conçue en préparation à Orbital Reflector | Courtesy of Trevor Paglen
Trevor Paglen, se tenant près d'une structure réfléchissante gonflable conçue en préparation à Orbital Reflector | Courtesy of Trevor Paglen

La première expo d’art spatial, victime collatérale du «shutdown»?

Orbital Reflector ne répond plus: lancée en orbite juste avant le «shutdown», une œuvre monumentale destinée à être admirée depuis la Terre n’a toujours pas pu être déployée.

Trevor Paglen «fait de l’art à partir de secrets du gouvernement» américain: vidéos et photographies d’un centre de mises sur écoute de la NSA aux États-Unis (que l’on peut voir dans Citizenfour, le documentaire consacré à Edward Snowden), prison secrète de la CIA à Kaboul ou site de production d’armes nucléaires en Israël («une idée idiote et dangereuse», concède-t-il aujourd’hui). Exposé à la Tate Modern de Londres comme au MoMA de New York, il a reçu de prestigieuses récompenses.

NSA, Snowden et arme nucléaire

Le 3 décembre dernier, son satellite non-fonctionnel Orbital Reflector était lancé en orbite terrestre basse par un SpaceX Falcon 9 contenant soixante-quatre satellites –ce «Spaceflight Industries SSO SmallSat Express» constitue le plus important lancement de satellites de l’histoire.

Trevor Paglen travaillait sur le projet depuis de nombreuses années. Basé à Berlin, c’est grâce au soutien du Musée du Nevada, du crypto-millionnaire Jeffrey Berns et d’une campagne Kickstarter qu’il a pu réunir les 1,5 million de dollars nécessaires.

Une œuvre d’art visible de tous

De l’art dans l’espace? Rien de très novateur depuis que Forrest Myers est supposément parvenu, en 1969, à glisser dans la mission Apollo 12 un timbre de céramique sur lequel six artistes, dont Warhol et Rauschenberg, ont signé une micro-œuvre.

Mais Orbital Reflector devrait devenir la seule et première œuvre à être visible de tous, véritable exposition d’art dans les étoiles. Ses critiques ont fustigé l’inutilité de la démarche, son coût exorbitant ou cette manie qu’ont désormais les artistes de «polluer l’espace avec des trucs qui brillent», comme le titrait Gizmodo.

Paglen défend son idée. «Bien que la plupart d’entre nous comprend que chaque jour des satellites maintiennent à flot nos systèmes de télécommunication, nos infrastructures [...] et fonctions militaires partout sur la planète, il est aisé d’oublier ces activités invisibles. Orbital Reflector rend visible l’invisible et ravive nos imaginations.»

À 575 km de la Terre, le CubeSat doit s’ouvrir et déployer la sculpture auto-gonflante en mylar (une feuille de polyester extra-étirable) longue de 30 mètres. Celle-ci opèrera un tour complet de la Terre chaque 94 minutes et sera visible jusqu’à trois mois. Les curieuses et curieux pourront la suivre à l’aide de l’application Star Walk 2, grâce à un numéro d’identité donné par l’US Air Force (Usaf).

Space is hard!

Mais c’était sans compter sur le plus long «shutdown» gouvernemental de l’histoire américaine. En décembre, les employées et empoyés de la Federal Communications Commission (Commission fédérale des communications), chargés d’établir le contact, sont placés en congés sans solde. L’Orbital Reflector et son satellite n’ont toujours pas été identifiés à ce jour.

«Beaucoup de satellites sont restés groupés, et tant qu’ils ne se séparent pas il est difficile de les identifier», intervient en janvier le musée du Nevada. Le satellite a-t-il été endommagé par les modifications de températures? Est-il entré dans l’atmosphère, précipitant sa destruction?

«Évidemment, nous tenons à assurer la mission la plus sûre à l’Orbital Reflector mais également à ses voisins dans l’espace», déclarait en février Amanda Horn, responsable de la communication du musée. «Comme Trevor Paglen l’a dit: "Space is hard!"»

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