Aux États-Unis, pour économiser pour ses vieux jours, un moyen très répandu est le 401(k), système de retraite par capitalisation. Cela consiste à placer une portion de son salaire dans un portefeuille d'investissement défiscalisé, puis la somme déposée n'est soumise à l'impôt que lorsqu'elle est retirée du 401(k), la retraite venue.
Ce type de système par capitalisation est dénoncé par l'opposition comme étant l'objectif duquel le gouvernement voudrait se rapprocher en instaurant sa réforme des retraites.
Or, il se trouve qu'aux États-Unis, les travailleurs et les travailleuses ont beaucoup de mal à économiser suffisamment pour s'assurer une retraite tranquille. Selon une étude de la mutuelle Northwestern Mutual, 22% des Américain·es disposent de moins de 5.000 dollars [4.500 euros] mis de côté dans ce but, et 56% ne savent pas comment créer des conditions confortables en amont.
Évidemment, la première raison est économique. 59% des Américain·es auraient déjà du mal à vivre de leur salaire, et ne gagnent donc simplement pas assez pour pouvoir mettre de côté. Mais ce n'est pas la seule cause.
Biais psychologiques
Fast Company s'est penché sur les mécanismes à l'œuvre rendant l'épargne difficile. Le premier est la «dévalorisation de la gratification différée». C'est-à-dire que nous avons tendance à accorder moins de valeur à une somme d'argent que nous ne pouvons pas utiliser tout de suite.
L'une des raisons à cela est que notre nous du futur paraît moins réel que notre nous du présent, comme s'il n'était qu'une supposition abstraite. Cela mène à sous-évaluer les dommages que pourrait produire une mauvaise décision sur notre avenir.
Dans le cadre d'une expérience, des scientifiques ont fait interagir des cobayes avec leur double virtuel à l'âge de la retraite. Après s'être rencontrées elles-mêmes, donc après avoir concrétisé l'idée de leur vieillesse, les personnes testées ont eu davantage tendance à accepter des récompenses retardées plutôt qu'immédiates.
Un autre mécanisme est l'aversion à la perte, un biais comportemental qui nous fait accorder plus d'importance à une perte qu'à un gain du même montant. Cela signifie que lors d'une mauvaise passe économique, beaucoup arrêtent d'investir. La retraite par capitalisation plonge tout un chacun dans le monde de l'investissement, alors que peu de gens sont compétents en la matière, ou disposent du capital nécessaire pour absorber les chocs.
L'histoire montre pourtant qu'il y a toujours des hauts et des bas et qu'une période basse peut justement être l'occasion de réaliser de solides investissements pour le long terme.
Aux États-Unis, les sommes mises de côté tendent à la baisse pendant ces périodes. Les 401(k) en pâtissent, et avec eux, le mode de vie des personnes concernées lorsque l'âge de la retraite arrive.