Étudier les mécanismes de propagation des virus est crucial pour tenter de freiner les épidémies. C'est grâce à ce type de recherches que nous savons aujourd'hui que les mesures de confinement sont efficaces contre certaines maladies, dont le Covid-19.
Ces travaux peuvent parfois trouver des applications en dehors du champ médical. Wired relate ainsi comment un modèle censé décrire la diffusion d'un virus pourrait être utilisé pour mettre fin aux embouteillages dans les grandes villes.
Le 7 avril, une équipe de scientifiques d'Australie, des États-Unis et d'Iran ont publié dans la revue Nature les résultats de leur étude, menée dans six villes: Chicago, Londres, Melbourne, Montréal, Paris et Sydney.
Dans ces métropoles, les embouteillages sont fréquents et interviennent de façon très similaire, indépendamment de la géographie ou de la topographie, indique Meead Saberi, auteur principal de l'article de recherche.
Sain, infecté, rétabli
Les scientifiques se sont appuyé·es sur un modèle compartimental bien connu en épidémiologie, le modèle SIR: S pour «individu sain mais susceptible d'être infecté», I pour «infecté» et R pour «rétabli».
Puisque les personnes guéries sont immunisées, une pandémie tend à disparaître à mesure que le virus trouve de moins en moins d'hôtes à contaminer –la fameuse «immunité grégaire».
Grossièrement résumé ici, ce modèle a été adapté aux embouteillages. Au lieu d'étudier des individus, l'équipe de recherche s'est intéressée aux «liens» du réseau automobile, en l'occurence les routes entre deux intersections.
À la place des symptômes comme la toux ou la fièvre, ce sont les moments où les voitures ralentissent une à une pour finir par former des bouchons qui ont été compilés.
Par analogie avec le modèle SIR, trois types de liens ont été établis: ceux qui sont susceptibles de se boucher, ceux qui sont bouchés et ceux qui ont été bouchés mais ne le sont plus.
Pas encore de remède
Si les virus peuvent être stoppés grâce à des vaccins, ce n'est malheureusement pas le cas pour les embouteillages.
Il est toutefois possible grâce au modèle développé d'estimer la vitesse de propagation d'un bouchon dans une ville donnée, à partir du pourcentage de liens qui se bouchent –ce qui permet par exemple d'imaginer un ajustement des feux de signalisation.
La méthode a néanmoins ses limites, puisqu'une route n'est pas immunisée aux bouchons après en avoir vécu un. L'étude précise d'ailleurs que la congestion ne peut être évaluée que pour un pic de trafic donné.
Meead Saberi affirme néanmoins vouloir poursuivre son travail et proposer un modèle plus précis, avec des données rue par rue. Patience!