Six types de sous-marins contre deux: jeu, set et match pour la Russie. Dans les profondeurs des océans post-guerre froide, la Russie et les États-Unis semblent adopter deux stratégies opposées.
Alors que l'US Navy préfère se focaliser sur la construction de bâtiments de classe Virginia et, à partir d'octobre, du modèle Columbia, la Russie étend sa gamme au point d'en produire simultanément six catégories différentes, rapporte Forbes.
On trouve ainsi dans les chantiers navals russes le sous-marin lanceur d'engins de classe Borei-II, pouvant transporter seize missiles balistiques intercontinentaux Bulava, le sous-marin de classe Kilo, dont les dernières versions peuvent lancer des missiles d'attaque terrestre, et le sous-marin de classe Iassen-M, armé de missiles de croisière.
Mais ce n'est pas tout. Dans la liste dressée par Forbes, on retrouve en outre la classe Belgorod, un sous-marin espion qui serait capable de délivrer une torpille nucléaire (l'effrayant projet Poseidon), et la classe Amour ou Lada, qui fait partie des derniers sous-marins non nucléaires construits par la marine russe.
Parmi les nouveautés figure enfin l'énigmatique modèle Khabarovsk, un submersible qui devrait lui aussi être équipé de torpilles Poséidon et dont le lancement est attendu avant la fin 2020.
Tests grandeur nature
Depuis plus de dix ans, sous l'impulsion de Vladimir Poutine, des investissements massifs ont été effectués pour renouveler et moderniser les infrastructures de l'armée russe, et en premier lieu les sous-marins.
Mais construire et former ne suffit pas: il faut aussi tenter de manœuvrer ces immenses engins sur le terrain, quitte à réveiller les démons de la guerre froide dans tout le nord de l'Europe, notamment en mer Baltique.
En décembre 2019, l'OTAN a fait état de la plus importante mobilisation de sous-marins russes depuis 1991, un déploiement en partie attribué à des tests de nouveaux équipements.
«Depuis quelques années, la Russie organise des entraînements réguliers pour se familiariser avec le matériel», indiquait alors à France 24 Bettina Renz, spécialiste des questions de sécurité russe à l'université de Nottingham.
Quelques mois plus tôt, les services de renseignement norvégiens avaient observé la présence de dix sous-marins russes en mer de Barents, au sud de l'océan Arctique. La marine russe avait alors fait savoir que deux sous-marins nucléaires avaient entamé «des plongées profondes pour tester certains équipements et armements» dans les eaux neutres de la mer de Norvège.