Au Moyen Âge, les plus grandes vedettes n'étaient autres que les chevaliers. Héros romantiques, inspirations guerrières, certains d'entre eux étaient grassement rémunérés en plus d'être célébrés en permanence. Mais l'habit ne fait pas le moine: pour être un chevalier, un vrai de vrai, il fallait un certain talent, notamment dans le maniement de l'épée.
Être bon à l'épée ne signifie pas balancer des coups dans tous les sens en espérant atteindre et tuer son opposant, rappelle la BBC: il s'agit là d'un art martial sophistiqué, plein de règles et de techniques. Les archives d'époque dont nous disposons sont là pour le rappeler, même si elles restent aujourd'hui encore assez incompréhensibles.
Dans les guides de combat, on apprend à manier des épées plus ou moins longues, à se battre à deux mains ou une seule (ce qui permet de se protéger avec un bouclier), mais aussi à utiliser des poignards, des haches, ou même un sac de pierres si on ne dispose pas d'une meilleure arme.
Préserver son matos
L'idée n'est pas seulement de prendre le dessus sur son adversaire, mais aussi de garder son arme aussi intacte que possible. «Même la fabrication d'une petite épée nécessite énormément d'acier», explique Richard Scott Nokes, professeur de littérature médiévale, qui ajoute que des centaines de kilos de charbon sont également requis pour pouvoir la créer ou la réparer.
Certains grands maîtres du combat, comme le chevalier italien Fiore dei Liberi au XIVe siècle, n'ont pas laissé de trace écrite de leurs méthodes, ne souhaitant pas qu'elles puissent tomber aux mains de l'ennemi. D'autres ont au contraire tout consigné, décrivant en détail de nombreuses techniques et agrémentant leurs textes de dessins censés illustrer des situations concrètes.
Problème: vus de 2022, les guides médiévaux de combat sont pour le moins incompréhensibles. Vagues, cryptiques, autocentrés, ils montrent que la pédagogie n'est clairement pas une compétence innée chez tout le monde. Les analystes continuent de se casser les dents sur bien des pages. «C'est incroyablement difficile de prendre ces images statiques et de les interpréter sous la forme d'actions dynamiques de combat», confirme Richard Scott Nokes.
Guerre épée
Il faut dire que les images ont souvent de quoi faire rire: on y voit les corps se tordre de façon totalement improbable quand ils ne sont pas pourvus de trois jambes ou de trois bras.
Puis, on assiste à des combats dont le vainqueur est vraisemblablement celui qui a réussi à envoyer son adversaire dans un trou exigu creusé dans la terre, tête la première. Les textes, souvent écrits en vers, n'aident pas franchement à comprendre ce qui se trame.
L'ensemble est si bizarre qu'il en devient fascinant, et on ne s'étonnera guère que des petits malins assoiffés d'histoire (et de traditions atypiques) aient tenté de reconstituer certaines des situations décrites dans les fameux guides.
Dans cet excellent reportage de la chaîne YouTube Retold, aussi instructif qu'hilarant, on voit effectivement à quel point tout ceci n'a pas grand sens –sauf si c'est juste nous qui ne disposons pas des bonnes clés d'interprétation.