Les robots sexuels sont au cœur des conversations lorsqu'il s'agit d'imaginer l'avenir du couple au lit. En pratique, presque personne n'en achète, souligne Emma Grey Ellis dans un long article d'opinion sur Wired. «Ils sont chers, ils sont lourds, et il ne tiennent pas dans le tiroir de notre table de nuit», constate-t-elle.
«L'idée que le futur du sexe sera de baver d'envie sur des répliques d'humains en silicone est aussi intéressante qu'improbable.» Même dans Westworld, cette série où les robots sont pourtant indiscernables des êtres humains, ils sont confinés dans un parc à thème –un lieu de visite et de luxe, hors du quotidien.
Sexe et commerce
«Les applications basées sur l'intelligence artificielle représentent un bien plus grand marché que pour les robots sexuels», explique pour Wired Ellen Kaufman, une étudiante qui fait son doctorat sur l'intimité et la technologie à l'Indiana University.
À l'état pur, les IA n'ont peut-être pas de corps, mais elles peuvent générer des dialogues et de l'image. Les machines et logiciels n'ont pas encore atteint le niveau suffisant pour produire une représentation crédible, pas plus que des conversations fluides –il n'empêche que c'est un futur qui se rapproche à grand pas.
La révolution du sexe est en marche. Pas simplement parce que nous avons tendance à paresser ou que certaines personnes veulent trouver l'amour sans avoir à s'embarrasser de la jalousie, des trahisons et des ruptures. Mais bien parce que le sexe fait vendre et qu'une intelligence artificielle capable de vous attraper par les sentiments –et de vous faire acheter un produit– représente une énorme promesse commerciale pour les entreprises.
Après tout, «nous acceptons de troquer une grosse part de notre vie privée et de nos données pour des plaisirs moins compliqués qu'une relations intime», note Ellen Kaufman.
Déjà accros
L'audience de Lil Miquela, 1,6 millions de followers sur Instagram, perçoit déjà cet être virtuel comme une entité sexualisée. Elle a participé à une vidéo où elle embrasse la supermodèle Bella Hadid pour une publicité Calvin Klein. Depuis, elle et reçoit des commentaires tels que: «Est-ce que ta chatte de robot peut mouiller?». D'autres la surnomment «chérie», «chaton» ou lui envoient des cœurs.
Pour les firmes, une IA est une aubaine. Elle n'a pas besoin de dormir. Elle ne vieillit pas. Elle ne réclame aucun salaire. Elle n'a pas d'autre besoin que celui d'obéir à son algorithme. Surtout, elle «incarne» l'intelligence artificielle –c'est-à-dire quelque chose de nouveau, de fun et d'attractif.
«L'artificialité de Lil Miquela n'a pas d'importance», conclut Emma Ellis Grey. «Si vous croyez suffisament en Kim Kardashian pour acheter ses vitamines, vous pouvez également avoir foi en Lil Miquela pour acquérir des vêtements Calvin Klein –ou n'importe quel autre produit. L'économie de l'influence fait circuler des milliards de dollars tous les ans.»
Créer un lien aussi intime qu'une relation virtuelle, amoureuse ou sexuelle, avec l'une de ces IA serait un moyen de décupler son influence –donc son impact commercial.