Nous pointions au printemps dernier l'existence des «feux zombies», ces incendies de tourbe qui couvent toute l'année dans certaines régions froides du monde et qui sont à la fois une conséquence du désastre climatique et une cause de son accélération.
Comme chaque année, le froid glacial de l'hiver sévit en Sibérie. Dans ce que les météorologues anglo-saxons nomment un «pôle de froid», où se trouvent certains des lieux inhabités les plus congelés de la planète, les températures ont déjà chuté bien en dessous de zéro –et nous ne sommes que début décembre.
À Delyankir, le thermomètre a ainsi battu un vieux record en dépassant la barre terrible des -60°C et en culminant à une température pas beaucoup plus humaine de -50°C au moment le plus chaud de la journée.
Maximale du jour sous les -50°C à Delyankir. Cela faisait une dizaine d'années que la barre des -60°C n'avait plus été franchie en Sibérie. https://t.co/XzqSuOjkSi
— Keraunos (@KeraunosObs) December 8, 2021
Pour les 500 habitants d'Oïmiakon en Iakoutie, souvent présenté comme le bled le plus froid du monde, la météo était à peine plus vivable. Au point que, comme le prévoit la réglementation locale, les écoles élémentaires ont dû être fermées pour éviter aux jeunes élèves de congeler sur place.
Et pourtant, et pourtant. S'il a été suffisant pour mettre en pause l'éducation des jeunes Iakoutes, ce froid pourtant plus qu'extrême n'a en rien calmé les ardeurs des «feux zombies» qui couvent dans la région, quelles que soient les conditions.
A Song of Ice and Fire
Le feu sous la glace: l'expression souvent galvaudée ne saurait cette fois être plus appropriée, comme le montre une vidéo obtenue par le média local The Siberian Times.
Zombie fires burn at -60C outside Oymyakon, the world’s coldest permanently inhabited place. Local photographer captures pillars of smoke rising above the underground peat fire https://t.co/71IjPxc49c pic.twitter.com/o8CTLO0nPE
— The Siberian Times (@siberian_times) December 2, 2021
S'ils brûlent souvent tout au long de l'année, émettant de grandes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, ces incendies souterrains autoalimentés par la tourbe en décomposition ne sont généralement visibles qu'aux beaux jours.
Ils sont néanmoins parfois temporairement éteints par la fonte des neiges et par les pluies des saisons humides. Mais, (mauvais) signe des temps, peut-être, la terrible saison d'incendies subis par la Sibérie cette année montre encore de l'activité et des stigmates même au creux de l'hiver: des feux par -60°C, il y a décidément quelque chose qui ne tourne plus rond.