Le milieu traverse une phase de profonde remise en question. | Kelly Sikkema via Unsplash
Le milieu traverse une phase de profonde remise en question. | Kelly Sikkema via Unsplash

Se connecter pour déconnecter, c'est la thérapie made in Silicon Valley

Face aux scandales et à un climat médiatique de plus en plus délétère, des personnes qui travaillent dans la tech
 sont désorientées, anxieuses et s'en remettent à la thérapie.

Meredith Whittaker, ex-chercheuse chez Google qui a claqué la porte en juin dernier pour protester contre le manque d'éthique et les contrats militaires du géant du web, constate que «l'image glamour et noble du monde de la tech est de plus en plus mise à mal, car ces entreprises alimentent certains des plus odieux abus des droits de l'humain». Son cas est loin d'être isolé.

Soigner la tech par la tech

Alors que la pensée alternative, la méditation voire l'usage de psychotropes ont longtemps eu cours dans la région de Palo Alto, c'est la thérapie qui entre aujourd'hui en force dans l'univers technologique.

On voit s'y développer l'usage de nouveaux outils connectés, créés par des start-ups prônant une approche fondée sur la compilation de données et l'analyse numérique.

Kip promet ainsi de vous mettre en contact avec des thérapeutes «dix plus fois rapides que les autres», et enregistre votre humeur du moment pour qu'elle soit étudiée en temps réel par un·e psychologue. «Une manière d'éviter une analyse biaisée», selon Ti Zhao, son créateur.

Une autre entreprise, qui s'est donnée pour mission de dépoussiérer l'image traditionnelle de la thérapie, propose une «gym pour votre âme», sorte de cure fast-food à portée de clics. Chez Two Chairs, on en est convaincu, la Silicon Valley est en train de créer «un nouveau système médical» qui devrait révolutionner le traitement des maladies mentales. La start-up peut déjà s'enorgueillir d'avoir levé près de 21 millions de dollars (19,2 millions d'euros) de fonds en août dernier, et d'avoir ouvert six cliniques dans la baie de San Francisco.

Confidentialité et déontologie

Cette nouvelle approche n'est pas exempte de dangers. Elizabeth Kaziunas, chercheuse post-doctorante à l'université de New York, s'inquiète de voir le principe de vie privée, pourtant fondamental dans le cadre d'une thérapie, mis à mal par ces nouveaux produits.

En collectant et en organisant nos données, ces applications pourraient bien s'en servir pour les revendre. Elle estime qu'il n'existe, en la matière, aucune garantie, «et qu'un diagnostic de troubles anxieux, par exemple, pourrait éventuellement entraîner une hausse de l'assurance vie de la personne concernée». En voilà, de bonnes raisons d'angoisser.

Les thérapeutes qui consultent en ville ne manquent pas non plus de solutions pour répondre au mal-être ambiant. Dans la région, nombre de praticien·nes constatent l'arrivée toujours plus massive d'anciennes personnes issues de la tech qui se sentent dépossédées de leurs valeurs, en proie à une profonde remise en question professionnelle.

Ces thérapeutes soulignent le rôle joué par la technologie dans ce regain d'anxiété, puisqu'il est de plus en plus difficile, voire impossible, d'échapper au flot incessant d'informations anxiogènes.

Ce constat est partagé par Amy Eliza Wong, life coach à San Francisco, qui voit affluer dans son cabinet un nombre croissant de personnes qui travaillent dans la Silicon Valley, et qui ne savent plus par quels moyens se déconnecter.

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