Un échantillon de fourrage à base d'algues. | Volta Greentech

Un échantillon de fourrage à base d'algues. | Volta Greentech

En Suède, une ferme d'algues veut réduire les émissions de méthane des vaches

Un régime marin pour lutter contre le réchauffement climatique. 

À Lysekil, une petite ville au sud de la Suède, une usine pas comme les autres est sortie de terre en mai dernier. Sa spécialité: la culture d'Asparagopsis taxiformis, une algue rouge à longues thalles très répandue dans les mers tempérées. Contrairement à la plupart des usines de ce type, les algues ne sont pas destinées à produire du biocarburant ou de la biomasse, mais du fourrage pour le bétail.

«4% des émissions de gaz à effet de serre proviennent aujourd'hui des éructations de vaches sous forme de méthane, soit un impact supérieur à celui de toute l'aviation», explique à Euronews Fredrik Åkerman, le dirigeant et fondateur de la start-up Volta Greentech à l'origine du projet.

Lors du processus de digestion, il se produit une fermentation naturelle dans le rumen (le plus grand des quatre estomacs d'une vache). Cette fermentation dégage de l'hydrogène et du dioxyde de carbone, une enzyme naturelle combinant ensuite les deux gaz, créant ainsi du méthane.

En un an, une vache émet ainsi environ 90 kilos de méthane, un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant vingt-cinq fois supérieur à celui du CO2. Multipliez cela par 1,5 milliard de vaches élevées sur la planète, et vous comprenez qu'il s'agit là d'un enjeu considérable dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Sous lumière artificielle

Nourrir les vaches avec 100 grammes d'aliments à base d'algues supprime naturellement la production de l'enzyme responsable de la formation du méthane entérique, ce qui permet de réduire les émissions de plus de 80%, affirme la start-up. En outre, les vaches ne semblent pas détester ce régime marin et cela n'affecte pas le goût du lait ou de la viande.

Mais pour nourrir plus d'un milliard de vaches, il est évidemment impossible de récolter suffisamment d'algues en milieu naturel. C'est pourquoi Volta Greentech veut industrialiser le processus. Dans la nouvelle usine, les algues seront élevées sous lumière artificielle, dans des réservoirs tirant l'eau de mer.

La chaleur résiduelle d'une raffinerie de pétrole voisine chauffera le bâtiment et l'eau. Le tout absorbera même du CO2, précise le site Fast Company. «En construisant un système fermé, nous nous assurons de conserver une production et une qualité constantes au fil du temps, quels que soient les facteurs environnementaux tels que la qualité de l'eau ou les conditions météorologiques», ajoute Fredrik Åkerman.

Les algues poussent ainsi de 10% par jour, trente-cinq jours par an. Volta Greentech travaille déjà en collaboration avec la plus grande entreprise suédoise d'alimentation animale, Lantmännen, et envisage déjà la construction d'une deuxième usine en 2022, présentée comme la plus grande ferme d'algues marines au monde.

De nombreuses autres start-ups travaillent elles aussi sur des suppléments destinés à réduire les émissions de méthane des vaches. Mootral, une jeune pousse suisso-britannique, développe par exemple des suppléments à base d'ail et de citron qui permettent de réduire de 38% les émissions de méthane. Locus Fermentation Solutions développe de son côté des probiotiques à partir de bactéries génétiquement modifiées qui réduisent les émissions de 68%.


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