D'après les projections des Nations unies, la planète comptera quasiment 10 milliards d'êtres humains en 2050, dont une très grande majorité de citadins. Une telle accélération démographique en direction des villes pose inévitablement de nombreux problèmes et risque de les rendre invivables: surpopulation, saturation de l'espace urbain, augmentation drastique de la pollution, etc.
Sans compter qu'avec le réchauffement climatique, de nombreuses agglomérations côtières ont de fortes chances de se retrouver les pieds dans l'eau. Pour remédier à ce désastre annoncé, une solution originale est en train de voir le jour.
La vie sur pilotis
En août dernier, les ingénieurs du Seastanding Institute –un organisme de recherche marine financé par le milliardaire libertarien américain et cofondateur de PayPal Peter Thiel– ont présenté les plans définitifs du Floating City Project, une ville aquatique dont l'ancrage est prévu, d'ici quelques années, à proximité des côtes polynésiennes, en plein océan Pacifique.
Au programme, 300 habitations pouvant accueillir plus de 2.000 personnes, posées sur une plateforme métallique reposant sur des pylônes au milieu des eaux. Cette ville d'un nouveau genre sera autosuffisante en énergie grâce à un parc de panneaux solaires, mais également propre grâce à un dispositif de recyclage des déchets.
Tout a été pensé pour que le Floating City Project s'intègre sans dégât à son environnement. Ses futures habitantes et habitants vivront en autarcie en exploitant les ressources de l'océan. Les autorités polynésiennes ont d'ores et déjà donné leur feu vert.
Impact zéro?
Et ce n'est pas une initiative isolée. L'architecte belge Vincent Caillebaut, chantre d'un urbanisme inspiré par l'intelligence du vivant, travaille depuis plusieurs années sur Lilypad, un projet encore plus fou.
Cette gigantesque structure flottante en forme de nénuphar, équipée d'appartements et de maisonnettes, pourra abriter jusqu'à 50.000 personnes et dérivera au gré des courants, du nord au sud de l'Atlantique. Elle a été pensée pour servir d'abri aux réfugiés climatiques, mais aussi pour étendre en mer les capacités d'accueil des villes.
Comme le Floating City Project, elle sera autosuffisante et entièrement écoresponsable. Éoliennes, panneaux solaires et recyclage des déchets devraient lui permettre de ne pas abîmer la planète. Lilypad pourrait à terme être déployé à grande échelle, avec des flottes constituées de plusieurs unités, et des centaines de milliers d'habitants à son bord. Ce qui laisse tout de même planer des doutes quant à une pollution zéro.
Ces projets de villes aquatiques pourraient, s'ils prennent un jour le large, s'avérer néfastes pour la faune océanique. Leur installation sur l'océan a de fortes chances de perturber des écosystèmes marins déjà fragilisés par la pollution et la pêche intensive, et ce même si leurs concepteurs affirment haut et fort que le principe du zéro carbone sera appliqué à la lettre.
Cependant, ils constituent un début de réponse à la crise démographique annoncée de 2050, qui doit nécessairement être anticipée. Et c'est aujourd'hui qu'il faut trouver des solutions, quitte peut-être à ce qu'une partie d'entre nous élise domicile sur l'océan.