Taïwan est située à 140 kilomètres des côtes chinoises, de nombreux vols quotidiens la relient à son voisin et des centaines de milliers de Taïwanais·es travaillent en Chine. Pour ne rien arranger, l'épidémie de coronavirus s'est déclenchée lors du Nouvel An lunaire, période où des millions de Chinois·es se rendent à Taïwan et respectivement.
Pourtant, le Covid-19 y resté remarquablement sous contrôle. Alors que Taïwan compte 23 millions d'habitant·es, l'île n'enregistre pour l'instant que quarante-deux contaminations et un décès, loin derrière la Chine et les autres pays asiatiques; Taipei s'est en effet montré d'une efficacité redoutable dans sa gestion du coronavirus.
Après l'épidémie de SRAS de 2002-2003, le gouvernement taïwanais a créé un commandement centralisé, le National Health Command Center (NHCC). Celui-ci gère le Central Epidemic Command Center (CECC) qui a été activé début janvier.
Il a fixé le prix des masques de protection, puis mobilisé fonds gouvernementaux et militaires pour accroître la production. Dès le 20 janvier, Taïwan disposait de 44 millions de masques chirurgicaux, 1,9 million de masques N95 et 1.100 chambres d'isolation.
Une surveillance numérique de l'épidémie
Taipei a aussi croisé la base de données de son assurance-maladie avec celle des douanes et de l'immigration. Cela a permis de déclencher des alertes en temps réel lorsqu'une personne se présentait dans un service de santé avec des symptômes grippaux, si elle avait séjourné dans un endroit touché par le coronavirus.
Les autorités taïwanaises ont aussi demandé aux personnes arrivant sur son sol de remplir des formulaires en ligne, pour indiquer les pays où ils avaient séjourné et leur état de santé. Elles ont également utilisé des QR codes dans ce processus, mais on ne dispose pas de précision sur la manière dont ceux-ci ont été sollicités.
«Les personnes qui ne s'étaient pas rendues dans des zones à haut risque ont reçu un laissez-passer par SMS pour accélérer les formalités d'immigration; ceux qui s'étaient rendus dans des zones à haut risque ont été mis en quarantaine chez eux et surveillés via leur téléphone portable pour s'assurer qu'ils restaient à la maison pendant la période d'incubation», explique Stanford Health Policy.
Dès le 31 décembre, les passagèr·es en provenance de Wuhan (Chine) étaient examiné·es à bord des avions pour détecter d'éventuels symptômes. Dès le 5 janvier, les personnes s'étant rendues à Wuhan dans les quatorze derniers jours et présentant des symptômes grippaux étaient dépistées pour vingt-six virus différents, et placées en quarantaine puis soignées si besoin. Un modèle à dupliquer avant la prochaine pandémie?