Comment la vie peut-elle évoluer dans un environnement si particulier? | Amort1939 via Unsplash
Comment la vie peut-elle évoluer dans un environnement si particulier? | Amort1939 via Unsplash

Tchernobyl, un laboratoire à ciel ouvert

Avant de devenir une destination touristique en vogue, le site a été et reste un haut lieu de recherches et d'études.

La vie qui avait disparu a peu à peu repris ses droits à Tchernobyl. Pourquoi ce retour? Comment expliquer que la faune et la flore aient réussi à s'adapter?

Pour tenter de répondre, il faut d'abord comprendre comment la radioactivité agit sur les êtres vivants. En s'attaquant au génome, les radionucléides détruisent les séquences d'ADN. Un mode de réparation s'active alors pour remplacer les brins détruits, mais cela ne se fait pas toujours de manière optimale, ce qui peut causer des malformations. La radioactivité agit aussi sur les antioxydants en réduisant drastiquement leur nombre, ce qui peut favoriser l'apparition de tumeurs cancéreuses.

Si l'on considère qu'une grande partie des radionucléides ont disparu du site irradié, les sols de la zone de Tchernobyl restent très radioactifs, notamment à cause du césium 137, produit de fission de l'uranium.

Sélection par l'atome

Sur ces terres s'est opérée une sélection naturelle que les scientifiques tentent aujourd'hui d'expliquer. Si les hirondelles ont, par exemple, beaucoup souffert de la radioactivité, cela semble être moins le cas pour les campagnols, de petits rongeurs. Les bouleaux, quant à eux, auraient très bien résisté grâce à leur génome compact, ce qui minimise le risque de destruction de leur ADN.

Dans le potager expérimental de Tchernobyl, on étudie la résistance des fruits et des légumes pour comprendre comment les espèces végétales s'adaptent aux radiations. D'après une étude de 2009, le soja serait ainsi particulièrement résistant.

«Sommes-nous soja ou hirondelle?»

Reste à savoir ce que ces observations peuvent nous enseigner sur la résistance du corps humain. «Sommes-nous davantage comme les hirondelles ou comme le soja?», se demande ainsi Anders Pape Møller, chercheur au CNRS.

Tchernobyl semble le lieu idéal pour répondre à la question. Alors qu'une seule génération nous sépare du jour de la catastrophe, les petits mammifères en ont déjà connues plusieurs dizaines, ce qui permet de mieux comprendre les effets de la radioactivité sur le long terme.

Territoire de recherche à ciel ouvert, Tchernobyl ne peut pas s'appréhender comme un labo classique. Les retombées de la radioactivité étant très éparses, les résultats peuvent radicalement changer d'une zone à l'autre.

En outre, dans une région où la faune évolue sans subir le joug de l'être humain, comment être certain que les observations faites sont bien dues à une mutation génétique et non à une biodiversité jamais étudiée auparavant?

Petite visite aux bêtes qui peuplent la zone désolée.

De plus, les scientifiques ne s'accordent pas sur la dangerosité des radionucléides. Selon les adeptes de la théorie de l'hormèse (réponse de stimulation des défenses biologiques), une exposition à des taux minimaux de radioactivité serait même bénéfique pour le corps, qu'elle rendrait, selon un mécanisme semblable à celui du vaccin, plus résistant dans le cas de fortes expositions.

Une partie de la communauté scientifique accuse encore certaines études d'être biaisées, car soutenues par l'Autorité de sûreté nucléaire, laquelle ne serait pas totalement impartiale.

Alors que Tchernobyl connaît un afflux de touristes sans précédent, les scientifiques s'interrogent sur les effets d'un retour de l'espèce humaine sur le site.

Certains, à l'instar du radiobiologiste Serguei Gaschack, espèrent que la région sera classée comme zone protégée par le gouvernement ukrainien, car ce laboratoire à nul autre pareil est encore loin d'avoir livré tous ses secrets.

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