Se poser les bonnes questions est peut-être la seule solution viable pour normaliser notre rapport à la technologie. | Coline Haslé via Unsplash
Se poser les bonnes questions est peut-être la seule solution viable pour normaliser notre rapport à la technologie. | Coline Haslé via Unsplash

Accros aux écrans? C'est surtout de votre faute

En 2014, Nir Eyal publiait un essai sur la manière de rendre les gens dépendant aux technologies. Il explique désormais comment se libérer de cette addiction.

Dans son premier best-seller, Hooked - Comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes, Nir Eyal inventait un modèle en quatre étapes pour attirer et retenir les individus grâce à des récompenses obtenues à intervalles irréguliers.

Comme le retrace le New York Times, l'ouvrage a rencontré un succès immédiat dans la Silicon Valley. Il fait partie des essentiels à posséder pour «toute start-up qui cherche à comprendre la psychologie de l'utilisateur», soulignait Dave McClure, le fondateur de l'incubateur 500 Startups.

Mais les temps ont changé: le design d'attraction ou comportemental et l'économie de l'attention ne font plus rêver. Des repenti·es issu·es de Google, Facebook et WhatsApp remettent en question notre utilisation de la technologie.

B. J. Fogg, chercheur à l'université de Stanford et spécialiste du comportement, prédit même l'émergence d'un mouvement «post-numérique en 2020» et estime que «nous allons commencer à réaliser que le fait d'être enchaîné à notre téléphone portable est un comportement de bas niveau, similaire au tabagisme».

Invitation à réfléchir

Aujourd'hui, Nir Eyal ne pense plus que la technologie puisse en soi créer une dépendance; il affirme que nous serions responsables de cette addiction et doute que nous puissions vraiment devenir accros à Facebook ou Candy Crush. À ses yeux, nous sommes nous-mêmes à l'origine de nos comportements addictifs mais préférons rejeter la faute sur la technologie.

Mettre son téléphone sur silencieux, envoyer moins de mails et arrêter de traîner sur Slack sont autant d'astuces à mettre en place pour prendre ses responsabilités et arrêter d'accuser la technologie injustement, détaille l'auteur d'Indistractable (non paru en France).

Ses critiques, parmi lesquels le pédopsychiatre Richard Freed, l'accusent de «faire volte-face»: «Les gens qui ont fait ça essaient tous de revenir en vendant le remède, mais ce sont eux qui ont vendu la drogue en premier lieu», soutient celui qui milite pour une réduction du temps passé sur les écrans.

Nir Eyal a lui-même souffert du problème. Sa capacité de distraction a commencer à peser sur sa vie personnelle, notamment lorsqu'il s'est rendu compte qu'il était davantage captivé par son smartphone que par les premiers mots de sa fille. L'auteur dit avoir repris le contrôle lorsqu'il a commencé à se demander pourquoi il était aussi souvent sur son téléphone.

Son dernier livre est une invitation à réfléchir sur soi et à se demander d'où vient notre anxiété et notre peur d'être seul⋅e. D'où vient ce malaise lorsqu'on fait la queue sans regarder son téléphone? Que craint-on réellement?

Nir Eyal le concède, sa solution est lente et plutôt ennuyeuse, moins attractive que les discours sur l'addiction. Mais il prévient: «Si vous retenez votre souffle en attendant que les entreprises rendent leurs produits moins attrayants, vous allez vous asphyxier.» Alors autant essayer de se poser les bonnes questions, et de respirer.

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